Et c’est bien triste. Le dessinateur liégeois Phil Durant est décédé cette nuit après une longue maladie, comme on dit.
Né à Marche-en-Famenne en 1964, mais surtout figure emblématique de la BD indépendante liégeoise, Phil laisse derrière lui beaucoup d’amis bien tristes, et des milliers de cartoons et de fanzines au gros trait noir et à l’humour très barré.
Ephémère dessinateur de presse au « Matin », chroniqueur attentif de la vie de bistrots, publié entre autres dans Psikopat ou Spirou, qu’il alimentait régulièrement de cartoons griffonnés exclusivement au dos de bocs de bières, Phil venait d’inaugurer ce qu’il savait être sa dernière exposition, « Serial killer au repos », visible jusqu’au 29 avril au musée d’Ansembourg, à Liège.
Participant à près de 400 fanzines de par le monde, auteur lui-même de dizaines d’entre eux, dont « Hola! », Phil était un « alternatif » pour le dire vite, souvent bourré, surtout de talent – on l’avait croisé la dernière fois à Angoulême enroulé autour d’un arbre, faute de chambre. Très productif ces derniers mois malgré son cancer, Phil savait rire de tout et surtout de lui-même.
Son profil facebook ainsi que ses sites sont à regarder. Une anecdote parmi d’autres qui résume bien l’esprit jusqu’au boutiste et viscéralement libertaire du bonhomme: Phil était en Auvergne, croise un père, une mère et deux bébés jumeaux, sur un banc. Phil les croque sous l’oeil ravi des parents puis écrit, comme souvent, une simple phrase sous le dessin que, comme trop souvent, il s’apprêtait à leur offrir: deux futurs connards en Auvergne… L’histoire ne dit pas si les parents l’ont accepté. Phil sera inhumé mardi, évidemment à Liège.
Olivier Van Vaerenbergh
