Lokerse Feesten 2011: l’opération nostalgie de Primal Scream

Vendredi, les Lokerse Feesten démarraient sous la pluie. Au menu, notamment, Primal Scream, venu rejouer sur scène Screamadelica, son chef-d’oeuvre de 1991.

Vendredi soir, ciel désespérement tristoune. Genre ciel si bas qu’un canal s’est perdu. Et le petit crachin qui va avec. N’empêche, à Lokeren, petit bout de Flandres orientale entre Gand et Anvers, on fait fête. Sur la grand-place, les terrasses sont bondées: bières et saucisses de cheval (spécialité du coin) au programme. Pour se distraire, auto-tamponneuses, palais des glaces, pêche aux canards, et, sur le parking de la piscine communale, un… festival rock. Jusqu’au 7 août, chaque soir, les Lokerse Feesten propose une progra conséquente. C’est que depuis le milieu des années 2000, la kermesse a pris du volume, avec des affiches de plus en plus ronflantes. Cette année, par exemple, Erykah Badu, Morrissey, Robert Plant, Interpol… Et vendredi soir donc, Primal Scream.

Leur Screamadelica, chef d’oeuvre drogué qui mixait le rock stonien à la house music et à la culture rave, a 20 ans. L’occasion de le balader sur scène. Comme sur le LP, le rock gospelisant de Movin’ On Up démarre le concert, avant la première échappée en terre acid house avec Slip Inside This House. Derrière la scène, un grand tissu blanc sert d’écran pour des projections bariolées et hallucinées. Honnêtement, on pourrait presque y croire. Bobby Gillespie, par exemple; reste ce grand échalas lymphatique. Avec sa chemise glam dorée, il ne semble toujours qu’à moitié présent, mais préserve ce charisme androgyne et cette morgue particulière. Le problème, c’est que ses légers déhanchements dégingandés n’ont que peu de prise sur le public. Les deux tiers semblent d’ailleurs se foutre royalement du concert. « Come on, we need some energy from you, guys!« , essaie Gillespie. Faut dire que l’enchaînement des balades Damaged/I’m Coming Down n’aide pas non plus à mobiliser les troupes. Le chanteur lui-même s’accroche au pied de micro, immobile. Tout de même la longue plainte du saxo fait décoller le morceau. Derrière, Higher The Sun avance en mode dub avant de se faire électriser par les guitares: la sauce prend enfin tout doucement, et Gillespie se met même à sourire. Avec Loaded et Come Together, le train dance est enfin lancé. Pour aussi vite s’arrêter. Primal Scream termine en effet le concert en laissant Screamadelica sur le côté, et, de guerre lasse, s’en va repêcher une triplette rock bas du front (Country Girl, Jailbird, Rocks).

Bilan de l’opération nostalgie? Paradoxal. Quand il rejoue son chef-d’oeuvre, Primal Scream est encore capable de fulgurances. A vrai dire, il n’est même pas impossible que, vu la « sobriété » actuelle de la bande, Screamadelica n’a jamais été aussi bien rendu sur scène. Cela n’enlève pas l’impression qu’il manque bien quelque chose. Le souffle comme l’esprit libertaire et drogué de l’époque, certainement. Comme l’impression d’avoir fait seulement la moitié du chemin. Kill all the hippies, qu’ils disaient…

L.H.

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