Critique | Musique

The Sound of Belgium compile la new beat en 4 CD

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

ÉLECTRO | Après le (passionnant) documentaire, voici la compilation de The Sound of Belgium. Soit pas moins de 4 CD, entre new beat, EBM, new wave et techno déviante.

The Sound of Belgium compile la new beat en 4 CD

Ceux qui l’ont vu ne tarissent généralement pas d’éloges: réalisé par Jozef Devillé, The Sound of Belgium est un documentaire passionnant. Film à la gouaille au moins aussi magistrale que l’érudition, il retrace une histoire des musiques électroniques en Belgique. Démarrant avec la bataille de Waterloo (…), s’arrêtant sur la prolifération des orgues mécaniques, la naissance des clubs, la mode des 45 tours pop-corn…, TSOB s’attardait surtout assez logiquement sur les années 80-90. Une période qui vit la consécration d’un certain goût belge. Un esprit inspiré à la fois par l’époque (les années plombées par la crise, le terrorisme, les affaires…) et une tendance locale à la fête débridée, qui donna notamment naissance aux mégadiscothèques et à un courant musical 100 % maison: la new beat.

Dancer in the dark

De tout cela, et de bien d’autres choses encore, il est bien question dans la plantureuse compilation The Sound of Belgium. C’est Geert Sermon, alias l’insubmersible Dr Vinyl, qui a dressé la table et le menu. Il est gargantuesque. Quatre CD constituent ce qui est bien la quintessence d’un certain esprit dance noir-jaune-rouge. Celui-ci est assez difficile à circonscrire. Comment pourrait-il ne pas l’être? Il n’est même pas lié à la nationalité de ses acteurs… The Sound of Belgium fait ainsi de la place pour l’Allemand krautrock Klaus Schulze (Signs of Dawn, 1973, le track le plus ancien de la playlist), le Français Emmanuel Top (Acid Phase) ou l’American techno Joey Beltram (le cultissime Energy Flash). Belge, The Sound of B. l’est donc d’abord par ses humeurs: à la fois festives et sombres, dansant au ralenti, jamais avare d’une extravagance WTF.

L’anthologie commence par le Disco Computer pince-sans-rire de Trans Volta -soit Dan Lacksman échappé de Telex-, continue avec Front 242 (Headhunter) ou le langoureux disco déviant Elle et Moi de Max Berlin. The Sound of C des Confetti’s n’est pas oublié: la version proposée dépasse les sept minutes. Il y a bien un absent: le Flesh d’A Split Second, dont la légende veut qu’il a donné naissance à la new beat -sans doute parce qu’il aurait fallu en ralentir le tempo pour obtenir la fameuse pesanteur typique du son made in Ancienne Belgique… Mais pour le reste, la tracklist enchaîne les classiques plus ou moins underground comme Anasthasia (T99), Cardiocleptomanie (Pas de Deux, candidat Eurovision 1983) ou Doughnut Dollies (HNO3, soit le légendaire Eric Beyssens en plein trip new beat).

La fête se termine sur une montée trance, avec le Universal Nation de Push. The Sound of Belgium, le film, avait utilisé le morceau pour son générique de fin, mais dans une version décalée mais toute aussi obsédante, jouée à l’orgue Decap. Pour info, celle-ci devrait probablement voir le jour en vinyle. On s’en réjouit d’avance…

  • DIVERS, THE SOUND OF BELGIUM, DISTRIBUÉ PAR LA MUSIQUE FAIT LA FORCE.

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