Critique | Musique

Disclosure, plaisir coupable

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

DANCE | Après une série de remix et de EP ravageurs, le duo Disclosure sort un premier album dance en tous points irrésistible. Le bonheur des petits plaisirs simples.

Disclosure, plaisir coupable

Il suffit de jeter un coup d’oeil aux charts pour s’en rendre compte: la deep house connaît actuellement un regain de popularité inédit. Il y avait déjà eu récemment le cas Azari & III ou son copycat grand public Infinity Ink. Avec Disclosure, l’épidémie est définitivement en train de se répandre. Elle vient principalement d’Angleterre. Comme une espèce de retour de manivelle après la vague dubstep et ses humeurs ombrageuses. Fini les capuches, place à la mélancolie sexy de la deep house dans ce qu’elle a de plus chaleureux et catchy.

Cela fait un petit moment que Disclosure a commencé à préparer le terrain. Le duo est formé des frères Guy et Howard Lawrence, encore ridiculement jeunes tous les deux (19 et 22 ans) -trop en tout cas pour avoir connu la première vague deep house, lancée par exemple par Larry Heard (Can You Feel It?). Depuis deux ans, Disclosure enchaîne EP et remix (le Running de leur camarade de label, Jessie Ware). Dernièrement, ils avaient encore affolé le dance floor avec White Noise, petite bombe allumée avec l’aide d’AlunaGeorge. Restait à voir ce qu’allaient pouvoir livrer les gaillards sur la longueur d’un album…

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Formule magique

Il y a plusieurs manières d’aborder Settle. La seule valable semble cependant se résumer à devoir accepter le parti pris irrésistiblement hédoniste de Disclosure. On pourra toujours ergoter sur le côté extrêmement balisé de l’entreprise, son manque total de prise de risque, le fait est que Settle est à peu de choses près implacable, un vrai rouleau compresseur. Décomplexé, il se donne pour seule et unique mission de faire danser. Et force de constater qu’il y arrive avec une facilité déconcertante…

Cela semble même trop simple: on a parfois l’impression que les frères Lawrence pourraient débiter le format au kilomètre. Un titre comme Stimulation, par exemple, n’affiche absolument rien de bien original. Pourtant, vous aurez beau avoir entendu le même genre de track house des dizaines de fois auparavant, vous ne pourrez pas vous empêcher de taper gentiment du pied -voire plus si vous avez la bonne idée de monter le volume. En fait, c’est aussi cette aisance qui fascine, ce naturel avec lequel Disclosure dégaine les hits dance instantanés. Quitte à fondre leur deep house, mâtinée de UK garage, dans une écriture plus directement pop: en cela, ils correspondent bien à l’esthétique aussi élégante que cultivée de leur label de départ, PMR, enseigne anglaise qui s’est mise en tête de prouver qu’un hit n’est pas forcément une rengaine débilitante (cfr Gangnam Style et autre Call Me Maybe).

Tout est donc là: les voix chaudes (celles de Jessie Ware, Jamie Woon, Ed MacFarlane de Friendly Fires…), les nappes de synthé, les grooves moelleux, les breaks qui tuent… La formule tourne à plein régime. En période de crise (…), on aurait cependant tort de cracher sur des plaisirs aussi simples qu’efficaces.

DISCLOSURE, SETTLE, DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL.

EN CONCERT À ROCK WERCHTER, LE 04/07.

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