Faithless: alors, on danse?

© Olivier Donnet

Les fins de soirée à Werchter riment souvent avec gros son. Du coup, alors que dans le Marquee, les Crookers balancent leurs beats sans trop se poser de question, la scène principale a vu un Faithless toujours aussi efficace pour faire dancer les foules..

Depuis quelques années, Werchter a pris l’habitude de terminer ses soirées avec du gros beat. Jeudi soir, on avait donc d’un côté Faithless, déboulant sur scène avec une demi-heure de retard (une anomalie inédite dans une machine aussi bien huilée que Werchter); et de l’autre, dans le Marquee, les Crookers.

Les premiers n’ont plus grand-chose à prouver. Enfin si: que leur univers n’est pas complètement resté calé dans les années 2000. Déclassés, Maxi Jazz, Sister Bliss et le camarade Rollo? Si c’est le cas, cela ne les a pas empêchés de repartir de la plaine flamande avec un nouveau disque d’or. Et puis s’il y a bien un groupe qui peut revenir demander son dû dans l’univers actuel de la dance, c’est bien Faithless. De Stromae à Calvin Harris, les gimmicks trance de Faithless ont fait école. L’exemple parfait est God Is A DJ qui fait toujours son petit effet sur la plaine (et sur Skin, la chanteuse de Skunk Anansie, qui est venue s’agiter front stage).

Les Anglais veulent cependant montrer qu’ils ne sont jamais non plus tout à fait restés coincés dans un genre. Ainsi s’enchaînent Feel Me (leur reprise de Blancmange), le reggae-dub de Crazy Bal’heads, et une version bien énervée de Mass Destruction. Un hat-trick parfait.

A ce stade-ci, Faithless n’est pas seulement un poids lourd dance, il est aussi plus simplement un groupe pop protéiforme plutôt efficace. Le reste est cousu de fil blanc, avec par exemple Maxi Jazz qui tombe le veston, torse nu et christique as usual sur Salva Mea, imparable en fin de set.

Pendant ce temps, les Crookers succédaient à leurs compatriotes des Bloody Beetroots. Qui, d’après les échos qu’on a pu en recevoir, ont mis un beau souk dans le Marquee. Du coup, par réaction (?), Andrea Fratangelo et Francesco Barbaglia se la jouent plutôt en père peinard. Barbaglia en particulier semble complètement détaché. Pas forcément en roue libre, mais plutôt l’air de préparer un mauvais coup dans son coin, alors que son camarade mixe à la coule.

Bizarrement, à ce stade-là de la soirée, cela fait plutôt du bien de voir deux gars se contenter d’enfiler les beats sans trop d’arrière-pensées, sans chercher à convaincre à tout prix. Certes un peu en roue libre, mais assez fendards que pour balancer la musique du Roi Lion sur un rythme baile funk ou plus loin le riff de Thunderstruck d’AC/DC. Allez, on est quand même à ROCK Werchter après tout…

Laurent Hoebrechts, à Werchter

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