Couleur Café J3: Le bilan

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Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Dimanche, tard. En digérant un lourd mezzé libanais à 9 euros au Palais du bien manger, on aimerait d’abord que la musique ambiante crachotée par une sono foutraque à l’intérieur de la carcasse métallique, cesse.

Pas nécessaire d’avoir une (mauvaise) BO pour profiter (?) des cuisines du monde, si? D’autant qu’à l’extérieur, le fabuleux CeeLo Green se lance dans un bizarre concert à tête de poulet décapité: manquant de direction.

Un peu plus tôt, JF Soenens, de l’organisation CC nous fait remarquer notre erreur dans le billet de vendredi: on y parle de fourchette en « plastique ». Mot strictement banni à CC puisque tous les couverts doivent obligatoirement être en neurobuhanté biodégradable et donc mourir naturellement dans la nature… Le JC rajoutant qu’« à Couleur Café, le spectateur moyen ne produit que 800 grammes de déchets contre 1,5 kilo dans les autres festivals ». Je n’ai pas la présence d’esprit de lui demander ses sources, peut-être absorbé par les crasses laissées à terre par des spectateurs moins conscientisés au Palais du bien manger- et cette 24e édition, qui pose deux ou trois questions sur les méandres du succès.

En dépassant la barre des 82.000 spectateurs -son meilleur score ever- mon « festival préféré » a donc l’assurance de repartir en 2014, sans pourtant avoir évité quelques couilles dans le potage. D’abord cette construction de l’IBGE, à l’état de squelette, à dix mètres du périmètre de CC, faisant mal aux yeux et brouillant la vue -comme la tour géante en bord de canal- sur l’aspect possiblement Manhattan de Bruxelles. Idyllique quand le soleil dore l’horizon d’orange vitré. Comme quoi la pollution peut être éminemment visuelle et indépendante des organisateurs.

Ensuite, l’absence d’expo cette année, pauvrement remplacée par une « sculpture » qui, on l’a déjà mentionné, fit un peu trop l’effet d’un étron géant s’étant trompé de lavatories. Et cette sensation de rétrécissement de l’espace vital… Le tout perturbe celui qui ne veut pas seulement s’intoxiquer de cocktails et de musique, cette dernière plutôt bonne dans l’ensemble. Et puis il y a ce projet de parc/jardin d’ampleur sur le site même de Tour & Taxis: même s’il en est question depuis des années et que personne ne sait vraiment s’il sera un jour réalisé -il vampiriserait définitivement la place nécessaire au festival- on se demande si le cycle naturel de CC à T&T n’est pas dans sa dernière ligne droite. Ce serait en tout cas dommage de bétonner une si belle aventure…

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