Street art: l’anonymat est à deux doigts

Alors qu’Exit Through The Gift Shop de Banksy vient de sortir en salles, retour sur un street artist qui fait parler de lui, avec deux acteurs belges du milieu: Denis Meyers et Alice de la galerie A.L.I.C.E. (Dansaert).

Exit Through The Gift Shop, c’est bien plus qu’un simple documentaire: un vrai canular, une mise en abyme du mouvement, où Banksy reprend les rennes là où le réalisateur perd le contrôle. « Il y avait énormément d’enregistrements, ça a du être difficile de tourner ça à son avantage », explique Alice Van Den Abeele, gérante de la galerie A.L.I.C.E. dans le quartier Dansaert. « Le film est très intelligent, il aborde le sujet du marché de l’art d’une manière différente. »

En effet, si quelqu’un pouvait se permettre de sortir un documentaire sur le street art, c’est bien Banksy. Un gars immense et plein de talent quand il s’agit de déranger. « C’est un artiste que je suis depuis longtemps, il a une démarche et un message qui me parlent, confie Denis Meyers, street artist bruxellois. C’est quelqu’un de majeur dans le milieu. »

Banksy, de ceux qui ont laissé une trace

Avec les outils dont on dispose à l’heure actuelle, faire parler de soi est devenu de plus en plus facile. « Mais on ne se souviendra que des gens qui ont laissé une trace », soutient Alice Van Den Abeele. Et Banksy en fait partie. Son travail de documentaire est d’autant plus intéressant que c’est « une bonne manière de dénoncer le procédé spéculatif à outrance, continue la gérante. Ca fait plaisir d’entendre parler du milieu de l’art urbain via le film, qui ne parle d’ailleurs pas seulement que du milieu. » En même temps, la pub, difficile de faire sans. Denis Meyers: « C’est un mouvement urbain qui a de l’actualité, c’est normal qu’on en parle. Je ne crache pas non plus sur la pub. Dans le milieu, on ne rêve tous que d’une chose: c’est de vivre de ce qu’on fait. Il faut réussir à faire parler de soi. »

Quand on atteint ce niveau de popularité, l’utilisation de pseudonyme pourrait devenir obligatoire. Pas forcément, pour Denis Meyers: « On n’a pas les mêmes activités, lui est obligé de faire ça anonymement. Pourtant, s’il ne signe pas, on le reconnaît facilement par sa signature graphique et son style. » La gérante de galerie continue: « Je suis en contact avec beaucoup d’artistes urbains, il y a souvent une volonté de travail autre que dans l’anonymat. Ils sont acceptés et appréciés, le but c’est d’être reconnu. » La limite entre anonymat et popularité est bien peu tangible, et participe forcément au mythe…

À voir aussi:

Beautiful Losers, d’Aaron Rose et Joshua Leonard, 2008. Documentaire sur la vie et la carrière d’un collectif d’artistes Do-it-yourself.

Lords of Dogtown, de Catherine Hardwicke, 2005. Les origines du surf à Venice Beach, Californie.

Style Wars, d’Henry Chalfant et Tony Silver, 1984. Documentaire sur les débuts de la culture hip-hop à New York.

Kevin Dochain

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