Francofolies J2: Gaëtan Roussel et Casseurs Flowters

Casseurs Flowters © Philippe Cornet
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

On a aimé le carrousel de Gaëtan Roussel et même les adulescenteries d’Orelsan maqué à Gringe dans Casseurs Flowters. Mais on se soigne.

« Est-ce qu’il y a des alcooliques dans le public? » hurle Orelsan sur la scène Proximus, la plus grande jauge du Parc de Sept Heures, soit six mille piétons. Des dizaines de bras teenage font le signe de la victoire pour acquiescer de la consommation immodérée de bibine. Voilà le genre de vaudeville installé en ce jeudi fin d’aprem au Village Francofou, bondé d’une faune un peu plus urbaine que la moyenne Francos, même si le hip hop fait désormais partie intégrante des folies adoubées à Spa. N’ayant jamais écouté un disque d’Orelsan, sans pouvoir échapper néanmoins à ses pseudo-frasques de JoeyStarr junior, ayant encore moins d’idées sur son associé Gringe, on regarde sans a priori. Pigeant assez vite que le concept-album enregistré par les deux Français sous le patronyme Casseurs Flowters -une sorte d’autobio- est juste un prétexte émietté pour l’occasion en grande parade de flow mi-marrant, mi-branleur revendiqué. Une pointe de rébellion en peau de nounours, du surf pour Orelsan sur le public extatique, du bidouillage scratché et des slogans à bonnet: n’en jetez plus, le gazon du parc est tout secoué d’électricité. Le plus intrigant est d’observer les quelques mômes de 8-10 ans accrochés aux piliers de la structure métallique faisant face à la scène, hypnotisés, scotchés, hébétés par la chose. Dans laquelle ils voient peut-être une sorte de Grand Soir, encore plus fort que la PS3. Sur le coup de 20 heures, Gäetan Roussel vient donner une toute autre messe sur la plus exigüe scène Ice-Watch, devant un parterre comble de trois mille spectateurs. Des deux courtes journées de cette édition 2014, il délivre le plus fort moment musical, débarquant en trombe et plaçant physiquement sa musique au-dessus des genres et des contingences. Entouré de deux choristes et cinq instrumentistes, dont un ancien de La Mano Negra, Roussel étonne par sa voracité scénique et la gourmandise de ses poses. Son implication semble sans concession mais aussi sans outrage enfantin. Et puis un chanteur qui ferme les yeux pour mieux rêver sa musique, en public, ne saurait être anecdotique. Les morceaux futés du second album, Orpailleur, prouvent que le grand écart des styles est gravé dans son karma. Et que celui-ci devrait continuer à élever le niveau de ses jouissives trouvailles de « rock en français ».

Retouvez les photos du concert de Gaëtan Roussel et de Casseurs Flowters.

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