Critique | Livres

Si j’y suis

Marie-Danielle Racourt
Marie-Danielle Racourt Journaliste livres

ROMAN | « Si j’y suis », je n’y resterai certainement pas, se convainc le narrateur, homme solitaire parti rejoindre dans les Landes, une femme qu’il a aimée il y a longtemps.

SI J’Y SUIS, ROMAN D’ERWAN DESPLANQUES, ÉDITIONS DE L’OLIVIER, 105 PAGES. ***

Car la rencontre, la vraie, ne peut pas avoir lieu, soit parce que Jacques ne parvient pas à retrouver les petits gestes quotidiens qui ont construit son passé, soit parce que Marion lui échappe. Jacques déplore « qu’on ne change jamais d’idées. On change de climat, de vêtements, jamais d’idées. » Il ne leur reste plus alors qu’à flotter dans leur solitude respective. Pendant ce temps, la mère de Jacques se meurt lentement, se complaisant dans une « clinophilie » exacerbée. Mère et fils furent trop proches, ce qui a probablement entravé toute assurance chez le narrateur. Aussi, après la mort de sa mère qui le délivre, prend-il enfin une décision personnelle: partir « ailleurs au milieu de choses qu’on ne sait nommer ». Commence alors un nouvel apprentissage pour cet homme à qui tout échappe.

Divisé en trois parties, comme autant d’étapes charnières d’une vie, ce bref roman tente de rassembler tout en douceur, mais avec une lucidité désarmante, quelques morceaux de l’existence d’un homme. D’une écriture serrée, la phrase courte et le rythme soutenu, Erwan Desplanques nous mène à nos propres interrogations. Premier roman original, il nous oblige à l’introspection grâce à une palette diversifiée et poétique des nuances de la solitude.

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