Couleur Café say yeah!

Cee Lo Green © Philippe Cornet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

CeeLo Green, Die Antwoord, Mos Def, Féfé… Fusion et effusion dans la dernière ligne droite de Couleur Café, 24e édition.

Couleur Café, c’est le signal que la saison en extérieur est bel et bien lancée. Festivals 2013, Acte 1, avec, enfin, le beau temps, et, déjà, ses premiers tics. C’est une impression ou plus un seul artiste ne peut s’empêcher de jouer l’harangue au public? Voire de se transformer en GO du Club Med. Le live a pris le dessus sur l’enregistrement: il faut à tout prix convaincre sur scène. Et jouer la proximité, le contact, à coups de « say yeah, say oh, say ouh la la » jusqu’à l’usure.

En la matière, Féfé n’y va pas de main morte. L’ancien membre du Saïan Supa Crew a à peine démarré son concert qu’il est déjà dans la fosse à teaser le public de Couleur Café. Pas un seul moment, il ne lâche le morceau. Le bonhomme évolue sur un drôle de fil, entre rap et chanson. Pas révolutionnaire pour un sou, mais personnel et par moment attachant. Jusqu’au-boutiste, Féfé mouille – littéralement – la chemise, cite Kanye West et Jay-Z (Niggas In Paris) et fout un beau souk avec des morceaux aussi sympathiquement populaires que VPC ou Jeunes à la retraire. Assurément le feelgood concert du dimanche.

Plus tôt, un autre rappeur, américain, s’essayait à un autre genre de « fusion » – mais avec beaucoup moins d’effusion celui-là… Accompagné du pianiste Robert Glasper et de son band, Mos Def plaide pour le rapprochement entre hip hop et jazz. Une évidence? Pas pour tout le monde. Si certains spécialistes font encore la moue, le public de CC se branche pourtant directement sur la formule Mos Def-Glasper. Le rappeur converti à l’Islam, tunique blanche et mocassins rouge, en est tout sourire, visiblement surpris de l’accueil. Son flow est un art subtil, ses abstractions arrivant même à se greffer sur les dérives les plus atonales du band. Groovy et bien senti.

Sur la même scène Univers, on y a encore pointé Morgan Heritage, plus stadium reggae que roots reggae, et Die Antwoord. Les frappadingues sud-africains ont notamment emmené avec eux une grande baudruche en forme de Casper le fantôme tenant une bite géante. On est parfois noyé sous les bons sentiments à Couleur Café; avec Die Antwoord et son électro-hip hop-dada-trash, le public a eu droit en revanche à une bonne dose de mauvais esprit.

On en mobiliserait d’ailleurs encore bien un peu pour parler du concert de CeeLo Green. En toute fin de soirée, celui-ci clôturait l’affiche de la scène principale. A vrai dire, il semblait en être le premier surpris. Le chanteur-rappeur à la voix de batracien a pourtant bien des tubes à faire valoir: Crazy, Fuck You, ou encore Bright Lights Bigger City avec lequel il entame son set. Il en a même écrit pour d’autres (Don’t Cha des Pussycat Dolls, qu’il a également inscrit au programme du soir). Malgré cela, l’ex-Goodie Mob au format Mario Bros semble toujours avoir un problème d’image. A vrai dire, il est le premier à la troubler. Sur scène, à intervalles réguliers, quatre danseuses viennent enchaîner les chorégraphies banales. De son côté, après un morceau seulement, CeeLo Green se pique de reprendre un bout d’INXS (I Need You Tonight), puis enchaîne avec Let’s Dance de Bowie, avant de replonger dans ses propres morceaux. Tout cela n’a ni queue, ni tête, et en tout cas même pas soutenu par un groupe spectaculaire. Inconsistant, à l’image de la trajectoire foutraque du bonhomme.

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