Critique | Musique

Johnny Cash – Bootleg Vol II From Memphis to Hollywood

COUNTRY-ROCK | « Bootleg vol. II from Memphis to Hollywood », une compilation des années 50-60 montre l’auteur de Walk the Line au coeur du public américain. Démos, inédits et réclames compris.

Avec plus de 80 albums studio -hors collaborations-, plus de 90 live et 153 singles, Johnny Cash s’impose comme colosse de la musique américaine. Mort en septembre 2003 à l’âge de 71 ans, il avait depuis longtemps taillé sa légende d’outlaw du rock et de la country, chantant au naturel blues et gospel qu’une enfance dans l’Arkansas pauvre se chargerait de valider définitivement. A 5 ans, il travaille dans les champs de coton, à 24, il décroche son 1er tube avec Walk The Line, titre, un demi-siècle plus tard, du biopic magistralement interprété par Joaquin Phoenix . Il est alors, comme Elvis juste avant lui, une vedette du label Sun Records qu’il quitte bientôt pour Columbia, s’assurant ainsi d’un plus grand retentissement commercial.

C’est au mitan des années 50 que le 1er des 2 CD qui nous concernent le saisit. Dans des… « commercials  » radios où le jeune Johnny vante les produits de la chaîne Home Equipment Company pour laquelle il vend aussi des stores. Les pubs s’intercalent entre des chansons rustres, menées par cette voix de baryton basse qui ne souffre aucune contradiction. C’est bien ce qui frappe sur les démos des débuts ou la demi-douzaine d’enregistrements primitifs de chez Sun: Cash est d’une tendresse sensuelle, chaleureuse qui tranche avec le caractère dominateur voire prédateur du personnage ultérieur. C’est étonnant d’entendre la fusion de cette voix naturellement dramatique, d’une guitare et d’une simple basse (New Mexico, I Couldn’t Keep From Crying). Alors, Cash n’est pas si loin de l’esprit sonore de la poignée de disques essentiels produits par Rick Rubin, 40 ans plus tard.

Ce dépouillement aux confins du rockabilly se meuble peu à peu dans les années 60: c’est l’objet du second CD qui a puisé singles, inédits et B-sides jamais parus en albums dans les réserves infinies de Columbia Records. Ces titres, mis en boîte entre 1958 et 1969, offrent aussi le flair kaléidoscopique de Cash pour les racines de l’americana et tout ce qui en fait la saveur: folk, blues, rock, country bien sûr, mais aussi doo-wop, gospel et traditionnels. Loin de sa réalité électrique -Cash picole sec et est accro aux amphétamines-, le chanteur saisit les musiques pour mieux les étreindre, les couvrant aussi de choeurs quasi maternels. Que ce soit dans une reprise ronronnante d’un titre de 1950 célébrant l’immensité américaine (Shifting, Whispering Sands) ou via sa propre missive d’amour filial (Send A Picture Of Mother), il s’impose comme un drôle de fils prodigue de la maison US. Ce qui ne l’empêche pas de reprendre Dylan (One Too Many Mornings) à une époque où Bob est encore perçu comme un intello gauchiste par la nation country.

Johnny Cash, Bootleg vol. II From Memphis to Hollywood, distribué par Sony Music, ***

www.johnnycash.com

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Philippe Cornet

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