Rock Werchter passe Daptone en Revue

Charles Bradley à Rock Werchter © Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Petite soeur de la Motown et de la Stax, l’écurie Daptone emmenée par Sharon Jones et le Screaming Eagle of Soul Charles Bradley, a lancé le 40e Werchter de l’histoire.

« I shout because I’m cancer free« . Jeudi, début d’après-midi, dans la moiteur du KluB C, l’une des deux scènes couvertes de Rock Werchter, Sharon Jones, le cheveu court (ses tresses n’ont pas résisté à la chimio), la voix haute et la mine resplendissante, chante son soulagement. Il y a un an, elle rongeait son frein intubée sur un lit d’hôpital. Cancer des voies biliaires. Aujourd’hui, the only queen of soul and funk tourne à nouveau le monde et danse le funky chicken flanquée de ses Dap-Kings. « Votre musique n’existe plus. Elle est morte dans les sixties », a-t-on souvent rabâché à la native d’Augusta. C’était avant le revival soul et l’avènement du label Daptone. Depuis sa création en 2001 par le bassiste Gabriel Roth (lunettes noires, moustache tombante et look de mafioso) et le saxophoniste Neal Sugarman, Daptone a enregistré pour Amy Winehouse. Lancé des « petits jeunes » comme Charles « I Love You » Bradley. 65 balais bien tassés. Et écoulé près d’un million d’albums. 500.000 rien que pour sa pile électrique de meneuse.

Rock Werchter passe Daptone en Revue
© Olivier Donnet

Comme vous le dirait Sharon, Daptone n’est pas un label rétro. Daptone n’imite personne. Il fait de la soul music dans le sens le plus vrai et noble du terme. La maîtrise comme personne et la vit jusqu’au bout des orteils. Pour sa Daptone Soul Revue (les photos du concert), la maison new-yorkaise, plantée dans un quartier calme de Brooklyn, débarque avec toute sa clique. Introduites par un maître de cérémonie, les Dapettes, comprenez les choristes de Sharon, Saun & Starr, ouvrent avec les Dap-Kings mais sont vite relayées par les Sugarman 3 qui balancent leur funk instrumental pour chauffer les planches au Screaming Eagle of soul Charles Bradley. Après avoir passé la majeure partie de sa vie à imiter James Brown et à cumuler les petits boulots, le prince Charles a aujourd’hui fait son trou. Sa voix à tomber, ses petits pas de danse et ses déhanchements souvent du genre sexuel ont le don de séduire une tente à moitié vide (ou pleine, si on se range du côté des optimistes). A peine le temps de distribuer les fleurs du bouquet jeté à ses pieds que les excités d’Antibalas débarquent en force. Il y a des Caraïbes, du Ray Barretto dans cette tentative réussie de mêler le groove latin funk new-yorkais et les jams afrobeat de Fela Kuti. Antibalas, qui collabore pour la petite histoire avec Zap Mama sur un projet célébrant l’évolution de la musique afro contemporaine, a des fourmis dans les jambes. Les solos de saxophone et trombone cartonnent. Le band groove du méchant. Irrésistible.

Rock Werchter passe Daptone en Revue
© Olivier Donnet

Dur dur aussi de ne pas succomber à l’énergie ressuscitée de Sharon Jones. « Presenting the Unstoppable Daptone Records Super Soul Revue« , annonce le drap tendu qui sert de décor. La machine est maintenant inarrêtable. Tout le monde se rejoint pour un final décoiffant à 27. Un combat des chefs entre batteries – claviers – guitares – percussions – choeurs – cuivres et un ultime morceau où Jones et Bradley se donneront la réplique.

Cette tournée que Neal Sugarman fantasmait quand il a créé son label il y a treize ans est aujourd’hui devenue réalité. On a beau regretter l’heure précoce pour pareille ambiance, Werchter n’aurait pu mieux commencer.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content