Critique

[Le film de la semaine] The Black Panthers: Vanguard of the Revolution, de Stanley Nelson

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Un documentaire passionnant retrace l’histoire du mouvement des Black Panthers, de son avènement au coeur des sixties à sa déchéance inexorable.

[Le film de la semaine] The Black Panthers: Vanguard of the Revolution, de Stanley Nelson

Quelques semaines à peine après l’excellent I’m Not Your Negro, où Raoul Peck retraçait les luttes sociales et politiques des Afro-Américains à travers les écrits de James Baldwin, un autre documentaire vient judicieusement apporter un éclairage complémentaire sur la question. Signé Stanley Nelson (auteur notamment de films sur la presse noire aux états-Unis, mais aussi sur le massacre de Jonestown), Black Panthers: Vanguard of the Revolution s’attache, on l’aura deviné, au Black Panther Party, de son avènement irrésistible au coeur des sixties, à sa déchéance inexorable, du fait notamment de dissensions internes soigneusement attisées par les autorités américaines…

Climat insurrectionnel

Classique dans sa forme, qui combine images d’archives et témoignages portant sur les faits un regard nourri de la distance du temps, le film n’en est pas moins décoiffant. Le Give More Power to the People des Chi-Lites qui lui donne son groove initial y tient aussi lieu de programme. S’inscrivant dans la lignée des mouvements d’indépendance qui essaimaient depuis une dizaine d’années à l’échelle de la planète, le Black Panther Party for Self-Defense émerge à Oakland, Californie, en 1966, alors que la société américaine est traversée de mouvements contestataires, du combat pour les droits civiques à l’opposition à la guerre du Vietnam. Un terreau fertile pour une organisation qui va vouloir se placer à la pointe de l’action révolutionnaire, en usant au besoin de provoc et de méthodes discutables. Ainsi lorsque, en réaction aux intimidations policières à l’égard de la population noire, ses militants déambulent armés dans les rues d’Oakland ou de Sacramento en vertu de leur droit constitutionnel inaltérable, entretenant un climat insurrectionnel dont résultent des images saisissantes.

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Portrait de l’intérieur du BPP -la plupart des intervenants en sont d’anciens membres-, le film inscrit son action dans le contexte socio-politique de l’époque. Il montre aussi comment, au-delà de l’activisme radical et du mélange d’audace et d’arrogance (le look « Urban Black is Beautiful » y puise ses racines) qui le caractérisaient, le Black Panther Party sut mettre en place de vastes programmes d’aides sociales le soudant à la communauté noire, et qui allaient sensiblement élargir sa base. à tel point, d’ailleurs, que Hoover en fera sa cible privilégiée, mobilisant les moyens du FBI pour anéantir cette menace bien réelle. The Black Panthers est du reste aussi l’histoire de l’implosion du mouvement, les procès à répétition en sapant l’énergie et les moyens, avant que les querelles d’ego n’achèvent de le miner; un scénario connu et habilement exploité. Et la matière d’un documentaire passionnant en dépit de longueurs…

De Stanley Nelson. Avec Angela Arnold, Eric Ball, Rhon G. Flatts. 1h55. Sortie: 31/05. ***(*)

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