Dez Mona a électrifié le Botanique

Dez Mona sur la scène de la Rotonde, le 1er avril 2014 © Thom P
Pauline Serrano Izurieta

Le sextet anversois était hier à la Rotonde pour célébrer ses dix ans de carrière. Il y a livré une solide prestation mais qui a aussi marqué par un nouveau tournant scénique déchargé à 1000 volts. Il y avait de l’électricité dans l’air hier sur Bruxelles…

On a connu Dez Mona sans courant à leurs débuts. Pas dans le sens où rien ne passait, que du contraire, mais en version plus acoustique. Avec le premier album Pursued Sinners en 2005 et le magnifique Moments Of Dejection Or Despondency deux ans plus tard, le groupe s’inscrivait dans une veine jazzy cabaret, demandant une certaine exigence, ce qui leur a valu une réputation de groupe précieux. Seulement voilà, Dez Mona ne fait pas du surplace. Hilfe Kommt en 2009 marque une première rupture de style, plus accessible, même si la contrebasse de Nicolas Rombouts et l’intervention audacieuse de l’accordéon sont toujours là. S’ensuivent des projets, l’opéra Saga en collaboration avec Box (un ensemble de musiciens baroques) et plus récemment The Red Piece, musique pour un spectacle de danse de Ann Van den Broek – WArd/waRD. Leur dernier album studio, A Gentleman’s Agreement en 2012, creuse encore un peu plus le sillon de la pop et du rock. Mais c’est pour la sortie de leur premier live, célébrant leur dix ans de carrière, que Dez Mona était sur scène ce 1er avril.

Il est 20h15 lorsque Gregory Frateur, chanteur de Dez Mona, monte sur les planches de la Rotonde pour présenter Strand, la première partie du concert. Il s’agit en fait du projet solo de Bert Dockx, membre de Flying Horseman et Dans Dans (où le batteur est aussi celui de Dez Mona). Ses chansons sont très calmes malgré quelques énervements possédés. Une guitare, une voix, quelques spots, de la fumée et… du flamand, élément complexe d’une équation pourtant simple, il fallait oser. Pour ceux qui ne comprennent pas la langue de Vondel, Strand s’adresse en français et espère qu’il arrive malgré cela à transmettre quelque chose par le jeu et l’intensité. Pas trop on avoue.

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C’est une heure plus tard que Dez Mona prend possession de la scène. Gregory Frateur est toujours aussi incroyable de par sa prestance, malgré son « pyjama de scène » et ses pieds nus. Le chanteur tragédien n’a pas perdu sa fantaisie et offre au public ses vocalises grandiloquentes. Il pourrait réciter l’alphabet dans tous les sens sans ennuyer l’assemblée, c’est un fait.

Dès le début du set, la présence de la guitare électrique et de la basse marque. Il y a plus de rock dans la musique du groupe, et le mélange des genres est de plus en plus fort. Mais les morceaux les plus pop, les plus lisses de son répertoire prennent une toute autre dimension sur scène, plus profonde grâce à des réarrangements taillés pour le live (Carry On est un bel exemple de cette seconde vie en dehors du studio). Dez Mona a tourné le compteur électricité du Botanique, en espérant toutefois qu’il n’abandonne jamais ses racines plus classiques, car ce sont elles qui forment son originalité. Un Get Out Of Here épileptique transforme la salle en cabine sous haute tension juste avant les rappels, qui seront au nombre de deux.

Les lumières de la salle se rallument définitivement sur le coup de 23h. Dez Mona a été généreux sous plusieurs formes: en jouant durant deux petites heures, en interprétant We Own The Seasons à la demande d’une fan et en rencontrant les spectateurs dans les couloirs du Botanique après le concert. Car oui, le public apprécie la générosité, quoi qu’en pense Caroline Sullivan. D’autant plus à l’heure où les groupes ont tendance à prester un set en dessous même du temps réglementaire. On a alors du mal à comprendre comment Dez Mona, avec dix ans de carrière derrière lui, ne parvient pas à remplir la Rotonde du Botanique, où environ 120 personnes étaient assises lors du concert. L’essentiel est que le public présent hier soir a bel et bien été électrifié.

Les photos du concert sont à découvrir ici.

Gregory Frateur en dédicace après le concert
Gregory Frateur en dédicace après le concert© Thom P

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