Le jour d’avant: Donatella Versace

© Deralf/Story Box Press

Ca y est. C’est officiel. On vient de retrouver l’une des filles du glauquissime clip Window Licker, d’Aphex Twin. Mais oui, ce clip malsain où l’ami Aphex s’entoure, dans une interminable limousine, de bimbos progressivement transformées par la technique du morphing en monstres de femmes.

Horriblement charcutée par les bistouris du monde, Donatella Versace offre un contrepoint singulier dans l’univers de la mode: chantre de la beauté, du glamour, de la féminité, la soeur de Gianni Versace a martyrisé son visage au point de le faire contraster violemment avec la grâce des mannequins qu’elle fait défiler. Ce paradoxe est l’une des images fortes que l’on peut retenir de ce Jour d’avant, documentaire inscrit dans une série de 6 films tournés par l’omniprésent Loïc Prigent. On y découvre les coulisses des grands défilés, Prigent ayant conquis la confiance des icônes de la mode, de Lagerfeld à Gaultier, en passant par Sonia Rykiel ou, dans ce cas-ci, et c’est un inédit, de Donatella Versace.

Plus fade

En 1997, son frère est assassiné en pleine rue, à Miami: à 42 ans, la couturière reprend la marque à la Medusa et perpétue l’héritage de son frangin, un héritage où la modestie et le minimalisme n’ont pas droit de cité. Présenté une nouvelle fois comme un contre-la-montre géant, le documentaire installe son objectif dans le sillage d’une Donatella aussi perfectionniste que ses illustres semblables. Les petites mains s’activent, les mannequins jouent les porte-manteaux pour des robes qui tiennent plus de l’orfèvrerie que de l’habillement. Nous avions pu voir, l’an passé, les premiers numéros de cette série documentaire, avec Jean-Paul Gaultier notamment: l’effet de surprise s’est donc un peu estompé et on ne s’étonne plus de constater qu’un défilé de haute couture s’improvise jusqu’au bout du sablier, que les retouches finales se font presque à l’entrée du catwalk, que rien n’est jamais prêt, que le stress est total. Probablement un peu plus fade que les autres numéros de la série, ce Jour d’avant parvient néanmoins à capter de jolis moments: ceux d’une Donatella tiraillée entre son défilé et le sort de l’Inter de Milan, en pleine finale de la Ligue des Champions; ceux de cette jeune Américaine de 16 ans, nouvelle star des podiums aux yeux encore doux et innocents; ceux d’une soeur déambulant dans l’appartement de son frère, chez un Gianni Versace entré prématurément dans la légende de la mode. Tic-tac.

Le jour d’avant: Donatella Versace de Loïc Pringent, ce mardi 1 mars 2011 à 20:40 sur Arte.

Guy Verstraeten

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