Critique | Livres

Le coeur de la jeune Chinoise

Marie-Danielle Racourt
Marie-Danielle Racourt Journaliste livres

ROMAN | « Son torse était ouvert comme une chemise qu’on a déboutonnée… Le coeur y était. Intact. Il palpitait légèrement. Sans bruit. »

LE COEUR DE LA JEUNE CHINOISE, ROMAN D’ERIC MARTY, ÉDITIONS DU SEUIL, 377 PAGES. ***

C’est le coeur de la jeune Chinoise, celle que Politzer rêve de tuer par amour dans un élan esthétique. Il faut que l’assassinat s’apparente à une oeuvre d’art. Mais pour que cette jouissance s’accomplisse, il lui faut traverser des épreuves violentes, celles que commandite l’organisation d’extrême gauche, la Ligne Rouge, qui sévit dans le Paris d’aujourd’hui. Le groupe est dirigé par « Mao », un dissident pour qui la révolution est la vie. Explosion d’un sex-shop de la rue Saint-Denis, suppression d’un présentateur vedette sur une chaîne TV française privée bien connue qui aurait voulu diffuser un show sirupeux pour le réveillon de Noël afin que le peuple verse définitivement du côté de « la barbarie, de l’inhumain ». Tous les moyens doivent être utilisés pour qu’enfin règne un mouvement communiste basé sur la Vérité. Au-delà de la vision politique, Eric Marty raconte aussi des histoires d’amour fusionnel, impossible, idéalisé dans la mort. C’est l’occasion pour le lecteur de plonger dans le dédale des quartiers chinois de la périphérie parisienne où grouille une mafia exotique. Roman palpitant car jamais il ne verse dans le manichéisme, intéressant par la remise en question et le doute de certains activistes, surprenant quand l’opinion publique se range du côté de la gauche ultra, qui fascine et révulse à la fois, ou du côté des flics quand on touche à son petit bien-être bourgeois. Un bon thriller politico-satirique.

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