Critique

Des ovnis, des monstres et du sexe: le cinéma selon Roger Corman

Émouvant, interpellant, réjouissant: le documentaire d’Alex Stepleton nous permet de faire connaissance avec le roi de la série B américaine.

DES OVNIS, DES MONSTRES ET DU SEXE: LE CINÉMA SELON ROGER CORMAN, DOCUMENTAIRE DE ALEX STAPLETON. ****
Ce samedi 10 mars à 22h10 sur Arte.

Beaucoup d’émotion, voire une larmichette, à la suite de ce documentaire passionnant consacré au roi de la série B américaine. Roger Corman est une légende. Et pas uniquement pour les geeks de la première heure et les cinéphiles pointilleux. Il suffit de voir combien de monstres sacrés du cinéma hollywoodiens ont accepté de témoigner dans l’évocation d’Alex Stapleton. Martin Scorsese, Robert De Niro, Jack Nicholson, Joe Dante, Ron Howard, Peter Bogdanovitch et bien d’autres. Autant de stars qui doivent une partie de leur carrière à ce marginal de Corman, producteur effréné et réalisateur fou. Un réalisateur à (littéralement) 4 francs, 6 sous, qui n’a jamais compris comment on pouvait dépenser des millions d’euros à la confection d’un film. Pour lui, lui et ses effets spéciaux bidons, lui et ses décors de carton-pâte, ses giclées de confiture, ses montres insensés, le cinéma est un art autant qu’un gagne-pain. Et une manière d’exprimer des idées un peu à la marge. Précurseur, Corman a fait de la science-fiction avant Star Wars, de l’horreur avant Jaws, du road movie pour motards avant Easy Rider, du film anti-raciste avant Mississipi Burning. Evitant toujours soigneusement les grands studios pour conserver intacte sa liberté, Corman n’a été reconnu par Hollywood que bien tard. On le voit, dans ce film, être enfin consacré. On voit Quentin Tarantino s’extasier devant l’un de ses modèles. Et on voit Jack Nicholson fondre en larmes en disant de Corman, qui fut le seul à lui donner sa chance au début de sa brillante carrière, qu’il ne serait rien sans lui. Comme à l’accoutumée, la case Pop Culture d’Arte (et dans le cadre d’une rétrospective hebdomadaire sur la série B) nous a dégoté une petite perle de documentaire. Vive Roger!

Guy Verstraeten

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