Je ne t’ai jamais aimé

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Un ado traverse ses premiers émois amoureux sur un mode plutôt froid, qui lui vient sans doute de sa mère, bigote, étouffante et schizophrène.

Plus de 15 ans séparent la première publication de Je ne t’ai jamais aimé aux Etats-Unis et la présente traduction en français. Chester Brown y relate des événements survenus dans sa vie d’adolescent dans les années 70. Terriblement introverti, le jeune garçon traverse ses premiers émois érotiques et amoureux sur un mode froid et quasiment impersonnel, tant le poids du non-dit est écrasant chez lui. Un héritage évident de sa mère, bigote, étouffante et schizophrène, qui terminera sa vie misérablement dans un hôpital.

Carrie, sa voisine, est amoureuse de lui mais il lui préfère Sky, plus pulpeuse, sans pourtant aller bien loin dans cette relation. Et comment pourrait-il exprimer ses sentiments quand sa propre génitrice lui assène: « Je suis ta mère. Si tu ne m’aimes pas, qui peux-tu aimer? »

Le titre du livre en prend une coloration très profonde. Il s’agit moins de dire le non-amour, ni a fortiori la détestation, que l’impossibilité de traduire l’affection en mots. On retrouve dans ce livre tout ce qui fait le style de Chester Brown, avec ces vignettes très encadrées, disposées sur la page dans un désordre qui n’est qu’apparent. En filigrane, on y découvre l’histoire d’un garçon dont la famille part en morceaux, entre un père absent et une mère malade qui lui inspirera une autre histoire, Ma mère est schizophrène. Le présent livre n’est d’ailleurs pas sans évoquer, voire préfigurer, le très récent Swallow me whole de Nate Powell, imprégné du même sujet, ou le Sutures de David Small.

Je ne t’ai jamais aimé, autobiographie, de Chester Brown.
Éditions Delcourt.

V.D.

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