Omniprésent dans les différentes sélections du Festival, le cinéma asiatique y a déployé des formes multiples.

Parmi les tendances marquantes de ce 62e Festival de Cannes, l’une, géographique, tient à l’omniprésence du cinéma asiatique. En provenance des Philippines ou du Japon, de Malaisie ou de Thaïlande, de Chine ou de Corée, le cinéma extrême-oriental s’est invité dans les différentes sections, démontrant, si besoin en était, qu’il était l’un des plus féconds du moment, l’un des terrains privilégiés du cinéma d’aujourd’hui et de demain, récompensé d’ailleurs par trois prix.

Illustration à travers une poignée d’exemples glanés en sélection officielle, cinq films pour autant de démarches singulières comme audacieuses, embrassant un espace allant du film de genre aux expérimentations formelles et narratives.

Air Doll

de Kore-eda Hirokazu (Japon)

Un Certain Regard.

Son Still Walking à peine sur nos écrans, Kore-Eda accouche déjà d’un nouveau film, et quel film, puisqu’on y découvre une poupée gonflable qui prend vie et entrevoit le monde à travers ses déambulations tokyoïtes. Un sujet improbable qui, dans beaucoup de mains, aurait viré à la pochade ridicule, mais qui, traité avec la poésie et la sensibilité coutumières du cinéaste japonais, tourne à la parabole inspirée sur la solitude dans le monde moderne. L’un des grands cinéastes d’aujourd’hui, à la fois classique et audacieux.

Visage

de Tsaï Ming-liang (Taïwan)

Compétition.

Cinéaste régulièrement visionnaire, l’auteur de Vive l’amour et Goodbye Dragon Inn passe ici une commande du musée du Louvre au filtre de son imaginaire. Recréant Salomé, Tsaï y injecte un hommage appuyé à ses maîtres français – Truffaut en premier -, tout en dévoilant un pan de son horizon intime. Traversé de fulgurances visuelles et autres interventions musicales magistrales – Laetitia Casta en fée des égouts -, Visage déroule cependant son collage d’impressions en un tout confinant à l’abstraction hermétique.

Kinatay

de Brillante Mendoza (Philippines)

Compétition.

Une plongée dans le quotidien criminel de Manille, dont la monstruosité tient autant aux actes perpétrés qu’à leur évidente banalité dans l’esprit de chacun. Mendoza fait de cette descente aux enfers d’un jeune policier naïf une expérience formelle inédite, son film basculant littéralement dans un espace opaque intensément déstabilisant, associant en cela le spectateur à l’expérience même du protagoniste central du film. Une expérience âpre et éprouvante, récompensée par le prix de la mise en scène.

Bak-Jwi (Ceci est mon sang)

de Park Chan-wook (Corée du Sud)

Compétition.

Le cinéaste coréen explose les frontières du film de vampires à la faveur de ce récit délirant où un prêtre ayant contracté un virus particulièrement virulent est guéri par une transfusion faisant de lui un vampire avide de sang et de fort terrestres plaisirs. Inspiré du Thérèse Raquin de Zola, le scénario puise à différentes mamelles du cinéma de genre, relevées d’une solide dose d’humour, mais aussi des trésors d’imagination créatrice de Park Chan-wook. Prix du jury.

Independencia

de Raya Martin (Philippines)

Un Certain Regard.

Jeune cinéaste philippin, Raya Martin inscrit sa démarche dans un écrin esthétique du plus bel effet. Sorte de récit des origines, Independencia est aussi un film léthargique évoquant simultanément le cinéma d’un Murnau et les toiles du Douanier Rousseau. Etonnante, pour le moins, et s’appuyant encore sur un surprenant travail sur le son, une £uvre qui voit le cinéma investir des espaces guère usités, dans une approche au formalisme revendiqué. Une authentique découverte.

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