Critique | Musique

Jeffrey Lewis – A Turn in the Dream-Songs

ANTIFOLK | Dessinateur de comic books, ménestrel des temps modernes, Jeffrey Lewis, le barde de l’antifolk, poursuit son parcous sans faute.

Il est actuellement le meilleur parolier en activité aux Etats-Unis, dit de lui Jarvis Cocker, le mec qui a écrit toutes les chansons de Pulp. Jeffrey Lewis ne remplira jamais le stade roi Baudouin, Forest National ni peut-être même l’Ancienne Belgique. Le singer/songwriter/dessinateur a cependant déjà tout du personnage culte qu’on vénérera dans 30 ans en se remémorant le XXIe siècle encore naissant.

Sorti du ventre de sa mère à New York le 20 novembre 1975, Jeffrey Lewis, fils de beatniks, grandit sans la télévision et se passionne pour les comics avant même d’apprendre à lire. Il étudie la littérature à l’université et consacre son mémoire à Watchmen. Sujet sur lequel il vient débattre en 2000 à l’Université de Louvain, décortiquant la nature duale de l’apocalypse dans le fameux comics de chez DC.

Alors qu’il vit dans une sous-location illégale à 150 dollars par mois pendant l’hiver 97-98, Jeffrey écrit ses premiers morceaux avec la vieille gratte de papa. Il enregistre dans la foulée sur un 4 pistes sa première cassette qu’il vend 3 dollars, flanquée d’un comic book fait maison, au Sidewalk Cafe, quartier général de l’antifolk. Jeffrey est de la clique Ben Kweller, Adam Green, Kimya Dawson. Ce sont d’ailleurs les 2 Moldy Peaches qui le font découvrir à Geoff Travis, le patron de chez Rough Trade. En 2001, le label compile 2 années d’enregistrement (The Last Time I Did Acid I Went Insane and other favorites) et lance définitivement la carrière du barde.

La science des rêves

Beaucoup d’eau a depuis coulé sous les ponts de Brooklyn et de Williamsburg. Lewis a entre autres écrit une chanson mémorable (Back when I was four) qui raconte sa vie de 4 à 103 ans. Passé des mois à dessiner dans une cabane du Maine. Mis en boîte 12 Crass Songs, un album de reprises aussi géniales que surprenantes du célèbre groupe punk anglais Crass…

Il a aussi, rien que l’an dernier, sorti un disque avec Kimya Dawson (oui, la fille qui a composé la B.O. de Juno) sous le nom des Bundles. Enregistré un album avec Peter Stampfel, vétéran beatnik membre fondateur du Greenwich Village. Et même créé une dizaine de chansons illustrées pour une chaîne d’Histoire. Jouant à cette occasion avec Ernie Brooks des Modern Lovers.

Il y a du Jonathan Richman, et pas qu’un peu, chez Jeffrey Lewis, fils spirituel de Daniel Johnston avec ses chansons bancales et sa voix nasillarde de cartoon (et/ou de canard). Son nouvel album, A Turn in the Dream-Songs, l’Américain l’a enregistré à Manchester dans les studios Analogue Catalogue. Epaulé par Dr Dog, les Vaselines, Au Revoir Simone ou encore les Wave Pictures, Jeffrey y parle comme d’habitude plus qu’il ne chante mais ces 14 nouvelles vignettes ont toujours un charme exquis. Celui de l’artisanat (plus trop cracra) et d’un génie comme souvent incompris. Faites de beaux rêves.

Julien Broquet

Jeffrey Lewis, A Turn in the Dream-Songs, distribué par Rough Trade. ****
www.thejeffreylewissite.com

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content