Critique | Livres

Les Sortilèges de Munuera

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

FANTASY | Le plus franco-belge des dessinateurs espagnols a rejoint l’écurie de Jean Dufaux sans y perdre son style, farouchement personnel.

Les Sortilèges de Munuera

« Se réapproprier un univers, c’est ça notre métier. Proposer une interprétation personnelle. Sinon, à quoi ça sert? » José-Luis Munuera était un peu fatigué au moment de notre rencontre -on l’a réveillé sur le canapé où il nous attendait, en plein marathon promo pour son dernier album, le deuxième tome de Sortilèges, sa saga fantasy réalisée sur scénario du prolixe Jean Dufaux. Il ne lui faudra pourtant que quelques secondes pour retrouver l’enthousiasme qu’on lui connait. En près de 20 ans de carrière et 30 albums, Munuera a visité tous les genres et les styles, sans jamais perdre le sien, protéiforme mais immédiatement reconnaissable: des séries fantastiques comme Nävis ou Les chroniques de sillage, de l’humour avec Merlin, du tous publics avec les fameux Spirou et Fantasio, des one-shot plus personnels comme Le signe de la lune et même des livres pour petits avec les P’tit Boule & Bill… Munuera est partout, au risque parfois de se perdre, et même, depuis deux albums, dans les univers scénaristiques, a priori très éloignés, de Jean Dufaux.

Si ce Sortilèges reprend les thèmes de prédilection de ce dernier –« on reste dans ses cadres classiques, des fortes passions, des luttes de pouvoir »– Munuera apporte à ce conte fantastique des caractéristiques qui ne ressemblent pas à Dufaux: un dessin qui tient plus de l’énergie de l’animation qu’à un semi-réalisme, et surtout un humour qu’on ne lui connaissait pas. Mais Munuera assume: tout est de sa faute! « Jean est un scénariste qui aime le « work in progress », et qui s’adapte vraiment à ses dessinateurs. Je pense qu’il cherchait lui-même à se renouveler un peu. Or, ce conte de fées très sombre évolue dans une ambiance plus magique que d’habitude pour lui, et qui correspondait à mes envies du moment: m’emparer sans complexe de l’univers des contes et réinventer ce folklore si vaste. Je n’hésite d’ailleurs jamais à mélanger beaucoup d’influences: un livre, ce n’est pas un burger du McDo. Le lecteur doit être surpris par la recette… »

Sortilèges, T. 2, de Munuera et Dufaux, éditions Dargaud, 56 pages.

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