New York mon amour: album de famille du cinéma français

© Catherine Verret Vimont
Stagiaire Le Vif

Des photos inédites des acteurs du cinéma français à New York, c’est ce que présentent les Galeries store de la Galerie de la Reine. Après New York et Angoulême, les portraits réalisés par Catherine Verret Vimont seront à voir à Bruxelles, du 20 mars au 17 avril.

Les interviews, Catherine Verret Vimont en a l’habitude. Mais en général, elle les organise plutôt qu’elle n’y répond. Directrice du bureau d’Unifrance Films à New-York de 1972 à 2006, elle était l’ambassadrice du cinéma français aux Etats-Unis. Son métier: tenter de donner une visibilité au cinéma français sur l’immense marché américain aux productions mastodontes. Elle organisait des diners, des présentations, des déjeuners de presse, des festivals, des rétrospectives… Aux côtés d’acteurs et réalisateurs français. « Je devenais une spectatrice privilégiée, j’avais le temps d’observer leurs relations, leurs complicités« , raconte-t-elle. « Je voulais capter ces moments précieux mais je n’avais pas l’argent pour engager un photographe… » Elle a alors décidé d’appuyer elle-même sur le bouton de son Olympus automatique, et clac, elle capturait des moments intimes. « Entre les déjeuners de presse et les présentations de films, il y avait des petits moments de repos, heureux, où nous n’avions rien à faire. Quand on attendait la limousine qui n’arrivait pas, à la sortie d’un hôtel, avant une interview… » Les photos étaient prises dans le feu de l’action, dans un mouvement rapide et léger. Les acteurs et réalisateurs, devenus ses amis, se laissaient approcher avec confiance et naturel.

En prenant ces photos, Catherine Verret Vimont ne pensait pas qu’elles seraient un jour exposées. « Ces gens étaient constamment mitraillés par les photographes de presse, mais ne recevaient jamais ces photos. Mon idée était de faire des photos d’eux dans ces moments formidables qu’on vivait, pour leur donner par après, comme souvenir. » Après avoir exposé une centaine de ses photos au Lincoln Center de New York en octobre 2011, Catherine Verret-Vimont en a choisi trente-six pour les présenter au Festival du Film Francophone d’Angoulême an août dernier. La même sélection, soumise à l’accord des artistes concernés, est présentée aujourd’hui à Bruxelles. Aux murs de la salle d’exposition des Galerie de la Reine, ces portraits sont affichés côte à côte, accompagnés des noms de ceux dont il s’agit, sans autre précision. Catherine Verret-Vimont explique: « j’ai une sympathie pour le flou. Je le revendique même: restons dans le flou quant aux dates et aux lieux. »

Fixant des moments de vie de grands noms du cinéma français inconnus du grand public, l’exposition ne prétend pas pour autant écrire le roman photographique du cinéma français de ces vingt dernières années. « Je ne photographiais que les gens que j’aimais, et ce parmi ceux qui venaient aux Etats-Unis et avec qui j’ai travaillé. »

Ici, Leos Carax lit sur la plage, après avoir présenté Les amants du pont neuf, un des films français les plus chers de l’époque, au Festival du Film de Sarasota, Isabelle Huppert serre son amie Diane Kurys dans les bras, Gérard Depardieu et Claude Berri rient, complices, dans leur chambre d’hôtel… Là, Lou Doillon pose la tête sur l’épaule de son père, Xavier Beauvois sourit, la tête levée vers le soleil après la présentation de Des hommes et des Dieux au New York Film Festival, Claude Lelouch explique à Anouk Aimée comment fonctionne la nouvelle caméra portable… Catherine Verret Vimont peut se targuer d’avoir saisi des moments « magiques » – selon ses propres mots – du cinéma français à New York.

Aujourd’hui, elle ne travaille plus chez Unifrance, mais continue de photographier la nouvelle génération d’acteurs français à Paris et à Bruxelles, à titre personnel.

Adèle Dachy

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content