Bob Geldof, docteur business et mister Charité

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Créateur de Live Aid en 1985, sir Bob Geldof a multiplié les initiatives parallèlement à une carrière musicale tombée en désuétude. Dernière idée: créer un fonds d’investissement pour l’Afrique baptisé 8 Miles. Portrait de l’ex-pop star en riche caritatif.

Début septembre, Bob Geldof, bientôt 59 ans, annonce qu’il a l’intention de rassembler un milliard de livres sterling (800 millions d’euros) pour un fonds chargé de développer le continent africain. La Banque africaine de développement et la Banque mondiale ont prélevé chacune 50 millions de dollars de leurs comptes respectifs pour le projet, baptisé 8 Miles.

Le pari qui porte sur les domaines de l’agriculture, des services financiers et des télécommunications, devrait se concrétiser dans les deux prochaines années. Un détail ayant son importance: Geldof mettra lui-même, pour un montant non dévoilé, la main au portefeuille. Sir Bob (anobli par la reine Élisabeth II en 1986) est en effet à la tête d’une fortune personnelle estimée à 30 millions de livres. Une micropartie de cette coquette somme est due à sa carrière musicale qui débute professionnellement en 1975 avec The Boomtown Rats.

Le groupe formé près de Dublin monte à Londres en octobre 1976 où il s’imprègne copieusement de l’énergie punk d’époque. En y mêlant des mélodies à la Springsteen, les Rats cartonnent à plusieurs reprises (Looking After N°, Mary of the 4th Form, Like Clockwork), décrochant même deux premières places avec Rat Trap en 1978 et I Don’t Like Mondays l’année suivante.

Menés par son grand échalas de chanteur, le sextet perd peu à peu de son inspiration et se sépare en 1986. Entre-temps, Geldof a trouvé une occupation digne de son intempestive réputation de loudmouth (braillard): la faim en Afrique. Bouleversé par un reportage de la BBC sur le désastre éthiopien, il rassemble la crème de la pop british eighties sur une composition cosignée avec Midge Ure (Ultravox): Do They Know It’s Christmas Time devient un tube international et inaugure un charity business qui essaime en Amérique, en France et ailleurs. A l’été 1985, les concerts de Live Aid rapportent 150 millions de livres sterling mais l’utilisation de l’argent suscite moult controverses, un documentaire de la BBC révélant, en 2010, qu’une partie de cette somme a servi à l’achat d’armes…

Le remake de l’événement, Live 8, en 2005, amène d’autres types de critiques, notamment sur le peu de visibilité des artistes africains pour l’occasion. A titre personnel, on reproche à Geldof ses privautés fiscales (ses deux domiciles furent un moment la propriété de compagnies basées aux Iles Vierges) et ses prétentions financières: 100.000 dollars australiens demandés pour une conférence sur la faim, font mauvais effet…

Devenu extrêmement prospère (son actuelle société Ten Alps affiche 68 millions de livres de chiffre d’affaires par an), ce petit-fils d’immigré belge en Irlande, a échoué sur un plan: sa carrière musicale solo n’a jamais réussi à décoller. Il est peu probable que son cinquième album, à paraitre le 4 octobre, y change quoi que ce soit, le disque étant néanmoins prétexte à un minitour européen qui passe par trois (modestes) concerts en Flandre…

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Bob Geldof, en concert le 13 octobre au Centre culturel de Vilvoorde, le 15 octobre à De Posthoorn à Hamont, le 16 octobre au Stadschouwburg de Bruges.
www.bobgeldof.net

Philippe Cornet

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