Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Remember Belgium – L’excellent photographe Stephan Vanfleteren s’expose et s’impose au Botanique. Ses clichés noir et blanc révèlent une Belgique miteuse et refoulée.

Stephan Vanfleteren, Botanique, 236, rue Royale, à 1210 Bruxelles. Du 04/06 au 09/08.

Les clochards, les exilés, les laissés-pour-compte, les loosers exclus de la grande loterie économique… Tels sont les héros beaux et fatigués de l’univers photographique de Stephan Vanfleteren. Collaborateur au Morgen, cela fait plusieurs années que son £il est une référence dans le métier. Au point que sa signature s’est aujourd’hui exportée à l’étranger. Ses reportages l’ont d’ailleurs mené aux quatre coins de la planète, de l’Afghanistan à la Colombie, en passant par les studios pornos de Los Angeles. Il en a toujours ramené des images à couper le souffle au c£ur desquelles l’émotion facile n’a pas sa place. Le monde vu à travers le prisme de l’objectif de Vanfleteren respire l’empathie. Nulle volonté de distance, il touche au plus profond de l’être humain, joue avec nos cordes sensibles. L’usage qu’il fait du noir et blanc est tout simplement lumineux. Qu’il s’agisse de paysages ou de portraits, il confère profondeur et épaisseur aux prises de vues. Bien que ses compositions soient d’une grande rigueur, elles n’en laissent pas moins la place à l’instant. Comme il le confie, il se voit à la fois comme un chasseur et comme un pêcheur.  » J’éprouve toujours la tension de quelqu’un qui va tirer mais j’ai aussi la patience du pêcheur au bord du canal. »

Pauvre Belgique

Belgicum, l’exposition qu’accueille le Botanique décline 120 tirages noir et blanc qui regardent le plat pays droit dans les yeux. Belgicum, une mot à consonance latine qui n’a rien d’innocent. Il plonge ses racines dans le lien qui unit des hommes à une terre. Du coup, les images de cette série font l’économie de la Belgique d’aujourd’hui. Aucun jalon actuel consumériste ne vient polluer les photos. Vanfleteren ne s’en cache pas, il est nostalgique. Nostalgique d’une côte belge d’avant la promotion immobilière à tout crin. Une Belgique de papa, celle des courses cyclistes où Eddy Merckx raflait tout. Le photographe flamand porte aussi son objectif là où ça fait mal. Il lève le voile sur une Belgique version quart monde de laquelle on préfère habituellement détourner les yeux. Sourires édentés, mains écorchées, £il mort, maisons ravagées ou bistro-assommoir… On oublie la fête pour ne retenir que la terrible gueule de bois du lendemain. Trop de pression dans les bars. Heureusement, à certains moments, l’£il de Stephan Vanfleteren saisit aussi ce qu’il y a de drôle en ce monde.

www.botanique.be

Michel Verlinden

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