Biennale de la chanson française: 3e étape à Louvain-la-Neuve

La salle de la ferme du Biéreau, à Louvain-la-Neuve, a résonné au son des sélections de la Biennale de la chanson française. Depuis maintenant 20 ans, à raison d’un concours tous les deux ans, l’organisation itinérante parcourt Bruxelles et la Wallonie pour dénicher les talents émergents.

Après 2 dates à Bruxelles et une à Liège, le Jury de la Biennale 2012 a posé ses valises à Louvain-la-Neuve, pour voir jouer les quarts de finale des sélections publiques. Les heureux lauréats de cette biennale se verront accompagnés pendant deux ans, autant financièrement qu’artistiquement, pour promouvoir et améliorer leur projet. « Pour cette édition 2012, nous avons reçu plus de 250 démos, soit presque 700 chansons à écouter pour déterminer qui sera invité à se produire sur scène! », déclare la comédienne Nathalie Stas, membre du Jury. « Preuve s’il est que la chanson française en Belgique est toujours vivace et que les initiatives ne manquent pas! »

Les conditions pour participer sont simples: chanter en français et résider en Belgique. Hier soir à Louvain-la-Neuve, 6 groupes ou chanteurs solos se sont produits. Le gagnant de la Biennale en 2004, l’Ostendais Peter Bultink, a ouvert la voie aux candidats de 2012. Avec déjà trois albums à son actif, il chante exclusivement en français depuis sa victoire. Sur scène, il est seul mais on le remarque à peine car la présence de l’homme est impressionnante. Ses compositions électroniques sortent de nulle part, accompagnées par sa guitare basse et des moments de danse improvisée. Il se permet même un petit moment de slam a cappella.

La première candidate, Nezrine, chanteuse originaire d’Azerbaïdjan, change radicalement de style: un piano, un violoncelle, une batterie discrète, des rythmes lancinants qui s’animent en un clin d’oeil, une voix profonde et envoûtante, des textes très poétiques, avec quelques mots de russe qui s’envolent de ci de là. La configuration de la scène fait que Nezrine tourne totalement le dos aux spectateurs, dommage. Coline, la chanteuse suivante, parvient à mieux tirer parti de cet aménagement: elle s’accompagne d’un autre pianiste pour un duo à 4 mains qui devient solo lorsque la chanteuse se lève et entonne face au public. Coline sort d’une tournée effectuée avec des musiciens brésiliens, ‘Sol de Inverno’ (Soleil d’hiver) et ça se sent, elle invite les spectateurs à prolonger cet hiver qui n’en fut pas vraiment un. Elle est mignonne avec sa petite voix chuchotante, un peu trop douce d’ailleurs. Avec ses paroles enjôleuses, on frôle vite l’overdose de sucre.

Arrive ensuite Guillaume de Lophem, un joli garçon bien coiffé, avec un air de Guillaume Canet, qui chante très énergiquement des chansons gentiment rock. Les paroles sont simples mais efficaces et il incite le public à chanter avec lui, tape dans ses mains, descend même de scène en espérant le motiver. Mais participer ainsi au show quand on est assis paraît presque antinaturel et la mayonnaise ne prend pas. Mais on l’imagine fort bien réussir à faire danser une salle entière, c’est sans doute l’essentiel. Ce public immobile dans la pénombre contraste toujours fortement avec l’ambiance parfois électrique de la scène.

Le groupe suivant s’appelle Manu et les Coundouristes. Le chanteur, Manu donc, se déhanche en costume, entouré de deux guitares basses et d’une batterie. La musique, un peu rock, un peu techno, est trop vite répétitive pour ne pas lasser et couvre la voix faiblarde du chanteur.

Pour clore la soirée, les Namurois de Djinn Saout arrivent. Ils ont été programmés aux Francofolies de Spa pour la deuxième année consécutive. Entraînés par leur musique énergique, ils se déhanchent comme des fous, sautent partout, plissent les yeux et serrent les dents quand leurs riffs rageurs se mettent à vibrer. On les imagine bien plonger dans le public, et l’un des chanteurs-guitaristes fait même mine de fracasser son instrument lorsque les lumières s’éteignent. Après le concert, Olivier Godfroid, l’un des chanteurs du groupe, nous explique tout en rangeant son matériel que l’initiative de la Biennale est un bon tremplin pour des groupes comme eux: « Programmer des artistes qui chantent en français est toujours un risque pour les organisateurs de festival. La Biennale permet de montrer que la chanson française a toujours de l’avenir et sait mobiliser son public, ça n’est pas négligeable. » Quant à l’ambiance générale de la soirée, s’il reconnaît qu’un public assis n’est pas très réactif, cela fait aussi partie du challenge. Le groupe, comme tous les autres artistes présents, espère continuer la compétition et jouer encore dans le cadre de la Biennale. D’autres concerts de ce genre se dérouleront les prochains mois et après délibération, certains seront choisis pour participer à la demi-finale et, qui sait, à la finale de ce « festival itinérant d’émergence », à Bruxelles, le 20 septembre prochain.

Marianne Delaforge (stg)

Pour en savoir plus sur les lieux et dates des concerts: labiennale.be

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