Philippe Cornet

Paul fait son Jacques

Philippe Cornet Journaliste musique

Seuls les idiots et les abstinents pensent Stromae réellement ivre sur le clip viral de Formidable. Alors que l’interprétation et le texte, brelissimes, de cette chanson en rupture de rap révèlent l’étendue du talent de Paul Van Haver.

Le pull est formidable. C’est lui qu’on repère en premier lieu via le YouTube de Stromae dans Ce soir ou jamais présenté le 24 mai sur France 2 par Frédéric Taddeï. Le Paul est bien là, silhouette bambou -longue et maigre- dressée d’une laine en V à mi-chemin entre le parchemin troglodyte et le motif Keith Haring. Futées et broute-gazon à la fois, les paroles de la chanson annoncent les mêmes couleurs secouées: « T’étais formidable/J’étais fort minable/Nous étions formidables. » A chaque grande respiration, le cas s’aggrave: « Hé, tu t’es regardé/Tu te crois beau/Parce que tu t’es marié/Mais c’est qu’un anneau mec/T’emballe pas/Elle va te larguer/Comme elles le font chaque fois. » Là, on google instinctivement les amours de Stromae pour débusquer que c’est fini avec sa Tatiana Silva, Miss Météo sur RTL, ex-Miss Belgique, à notre humble avis, deux couronnes un peu lourdes pour un mec aussi aérien. Sorry Stromae, l’amour a ses raisons que la météo ignore, d’autant que la suite du titre décolle en sinistrose pluvieuse: « Et qu’est-ce que vous avez tous/A me regarder comme un singe?/Ah oui, vous êtes sains, bande de macaques/Donnez-moi un bébé singe/Il sera formidable. » Ce dernier mot est placé sur une envolée de synthés qui a tout de la gloriole vaporeuse, comme si le désespoir était vraiment la dernière carte de crédit en vogue.

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Aux deux tiers du plateau de Taddeï, on zappe sur les images soi-disant live et impromptues de Formidable en rue, cinq millions de vues dépassées sur YouTube. La presse et une brouette de fins commentateurs ont supposé le Stromae bien bourré filmé nature Place Louise, toréador dépressif et mouillé. Evidemment improbable vu le dispositif multi-caméra et micro-cravate qui prend néanmoins un tour inattendu lorsque trois flics bisounours -visages floutés- viennent demander à la vedette si elle n’est pas « un peu fatiguée ». Très classe, celle-ci décline leur invitation, non pas à le foutre en cabane pour désordre de l’ordre public, mais à le raccompagner à domicile.

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Bras flasques

Là, en plein air sous le dégueulasse crachin de printemps bruxellois comme sur le plateau de Taddeï, face à des invités bluffés ou le cerveau congelé, Stromae livre un fabuleux (formidable?) numéro. Ses grands bras flasques, le dos en scoliose aggravée, le texte élevé au vinaigre, tout sert un mélange d’inconfort provoc et de proximité consanguine avec les (télé)spectateurs.

Impossible de ne pas penser à Brel. Paradoxalement, vu son pedigree rap/belgo-rwandais, c’est sans doute le premier mec au monde qui pourrait jouer de façon crédible le biopic du Jacques, Flamand hérétique devenu plus grand chanteur francophone au monde. On prend les paris sur cette éventualité-là, comme sur le deuxième album de Paul Van Stromae, annoncé pour l’automne.

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