Critique | Musique

M. Ward – A Wasteland Companion

POP | Sur A Wasteland Companion, Matt Ward invite Steve Shelley et John Parish, reprend du Daniel Johnston et rend hommage à Alex Chilton. Un grand disque. Un de plus.

M. WARD, A WASTELAND COMPANION, DISTRIBUÉ PAR BELLA UNION/V2. ****

Huit studios, huit ingénieurs, seize musiciens… Pour son nouvel album, classique pratiquement instantané, Matt Ward n’a pas fait les choses à moitié. Il a réquisitionné John Parish, Mike Moggis, Howe Gelb (Giant Sand), Tom Hagerman (Devotchka) et un Steve Shelley très sollicité depuis la fin de Sonic Youth… « La musique est un dialogue avec mes amis. » Il s’est aussi attaqué à des reprises, deux reprises, sélectionnées avec un soin minutieux. Le Sweetheart de Daniel Johnston dans une version country/girl band avec sa pote actrice Zooey Deschanel et un morceau espagnol, I Get Ideas, popularisé par Louis Armstrong. « J’aime l’idée que mes disques soient des puzzles dont on ne peut pas assembler les pièces. Un tunnel sans lumière au bout », raconte celui qui s’est imposé comme l’une des valeurs les plus sûres du singing songwriting moderne tout en étant ardemment convaincu que la technologie était meilleure hier qu’aujourd’hui. Puis que la guitare était aussi mieux jouée ou du moins de manière plus intéressante dans ce bon vieux temps qu’il n’a pas connu.

A Wasteland Companion s’ouvre ainsi sur le splendide et bucolique Clean State. Sous-titré For Alex & El Goodo. Hommage à feu monsieur Chilton et à Big Star. « J’ai mis un mois à écrire cette chanson. Je sentais qu’elle devait quelque chose à The Ballad of El Goodo. Et comme Alex Chilton a disparu au même moment, je me suis mis en tête de lui faire un petit clin d’oeil. Je connais mal les Box Tops mais Big Star a été une toute grande influence pour moi. »

TS Eliot et le New York Times…

S’il doit son nom à un poème très sombre de TS Eliot publié en 1922 et résonnant avec les peines de son époque, le malaise d’une génération perdue revenue traumatisée de la Première Guerre mondiale, A Wasteland Companion a été inspiré par les couvertures du New York Times « squattées par le mal que se font les hommes et ce qu’ils infligent à la planète, ses terres de plus en plus désolées ». Il est aussi teinté par les expériences de Ward avec Zooey Deschanel au sein de She and Him et avec Jim James (My Morning Jacket) sous le nom des Monsters of Folk.

« On a partagé nos collections de disques. Je suis influencé par mes amis mais ce qui laisse le plus de traces chez moi, ce sont les vieux albums. Avec Jim, on a énormément discuté au sujet de Marvin Gaye. Et avec Zooey, c’était plutôt de Harry Nilsson… » Ward, lui, les a exposés à NRBQ. Un groupe né à la fin des années 60 adulé par Dylan, McCartney, Costello…

De Primitive Girl et son entêtant piano au gospel folk nostalgique de Pure Joy, l’Américain signe avec ce nouvel album un vrai coup de maître au grain de voix inimitable et aux humeurs changeantes. « Tout est question d’équilibre. Entre l’ombre et la lumière. Le coeur et l’esprit… C’est le trait commun entre toutes les grandes oeuvres de la musique, du cinéma, de la littérature. Tous mes réalisateurs préférés, de Lynch à Allen en passant par Fellini et Leigh, te le diraient. Tu ne peux pas faire un film entièrement joyeux ou complètement déprimé. La vie est plus compliquée. » Echec n’est définitivement pas Matt…

Julien Broquet

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