Non, le piratage ne tue pas les industries créatives

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Une étude britannique sur les industries créatives démontre que le piratage ne nuit pas à la santé économique du secteur. Au contraire, il encourage la consommation de biens culturels.

La London School of Economics and Political Science (LSE) vient de rendre un rapport au gouvernement britannique qui risque de déplaire aux lobbys des industries culturelles. Dans cette étude intitulée Copyright & Creation publiée sur le site d’Actualitté, les universitaires pointent que le piratage ne nuit pas tant que ça aux revenus du secteur. Au contraire, le partage de fichier semble encourager la consommation de biens culturels.

La LSE exhorte surtout le gouvernement à utiliser des données objectives sur l’impact du piratage -et pas uniquement les études de marché fournies par les industriels-, au moment où les discussions sur le renforcement de la protection des droits d’auteur sont en cours. Car le résultat de leur étude modère nombre de déclarations alarmistes faites à ce sujet.

Les industries créatives résistent malgré le développement du piratage

Malgré le piratage, donc, il apparait que les industries culturelles se portent plutôt bien, en particulier celle du jeu vidéo, mais aussi le secteur de l’édition qui apparait stable et la production hollywoodienne qui aligne records sur records. « Bien que la Motion Picture Association of America (MPAA) se plaigne du fait que le piratage est en train de dévaster l’industrie cinématographique, Hollywood a atteint un nouveau record pour ses revenus du box-office, avec 35 milliards en 2012, soit une augmentation de 6% par rapport à 2011 », analyse le rapport.

Évolution des revenus de l'industrie musicale de 1998 à 2011 (en millions de dollars): musique enregistrée, Internet, concerts et édition musicale.
Évolution des revenus de l’industrie musicale de 1998 à 2011 (en millions de dollars): musique enregistrée, Internet, concerts et édition musicale.© London School of Economics

Ceux qui partagent des fichiers achètent plus de produits culturels

Même la musique ne semble pas si mal en point que ça, à la lecture des données du rapport. « Les revenus des ventes digitales, des services d’abonnement et des concerts compensent la baisse des revenus en provenance de la vente de CD », déclare Bart Cammaerts, maître de conférences à la LSE et co-auteur du rapport. L’étude précise que si l’industrie musicale stagne, l’effondrement des revenus annoncé par les lobbys de producteurs n’est pas démontré, ni que le piratage en serait la cause majeure.

Le rapport conclut au contraire que les industries culturelles ne sont pas dévastées par le piratage, mais que le partage de fichiers aurait quelques bienfaits sur la santé du secteur. Comme argument, il mentionne le succès de SoundCloud sur lequel les artistes peuvent partager librement leurs morceaux protégés sous licences Creative Commons ou encore l’effet promotionnel de YouTube, pratiques qui encouragent plutôt l’acte d’achat. Les universitaires démontrent, en effet, que les personnes partageant des fichiers consomment plus et dépensent plus d’argent pour des produits culturels que celles qui ne partagent pas. Ce constat leur permet de conclure que les stratégies répressives, telles que celles pratiquées en France, ne sont pas aussi efficaces que le prétendent les industriels. Et les gouvernements.

Étude de la LSE sur les effets du partage pour les industries culturelles

Carine Claude (LEXPRESS.fr)

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