Critique | Musique

Lee Fields – Faithful Man

SOUL | Le vieux Lee Fields incarne avec Sharon Jones et Charles Bradley la soul vintage et le funk à l’ancienne. Faithful man…

LEE FIELDS, FAITHFUL MAN, DISTRIBUÉ PAR TRUTH AND SOUL. ****
Ecouter l’album sur Spotify.

Peut-on faire de la soul avant l’âge de la pension? C’est la question qui s’impose quand on compare la production des petits jeunots (celle du très honorable mais cheesy Aloe Blacc voire -sacrilège!- celle de blancs becs aux yeux bleus) aux disques impeccables et vintage de ceux qu’ils pourraient pratiquement appeler grand-père. Charles Bradley et Lee Fields en tête.

La voix profonde et usée de ce dernier fait à nouveau des merveilles sur Faithful Man. Un album de soul à l’ancienne sorti par Truth & Soul. Truth & Soul, c’est la petite soeur du label Daptone cher à Sharon Jones et ses Dap-Kings. Puis l’occasion de souligner que la diva a été découverte par ses acolytes alors qu’elle jouait les choristes pour un certain Lee Fields.

« J’ai toujours été un homme fidèle jusqu’à ce que tu arrives », chante pour commencer le vieux filou avec un organe vocal à faire chialer les baffles. Pendant une grosse demi-heure, celui qu’on surnomme Little JB -non pour sa propension à descendre les whisky coke mais pour son style et sa voix proches de James Brown- enquille les sket-braguettes. C’est bien simple: enregistré avec Jeff Silverman et Leon Michels, producteurs et co-propriétaires de Truth & Soul (ceux-là même qui ont écrit, produit et joué le Good Things d’Aloe Blacc et ont accompagné Adele, Ghostface Killah et Jay Z), Faithful Man est le disque soul de ce début d’année. Même que si on pouvait voyager dans le temps, on repartirait bien volontiers avec lui terminer nos soirées adolescentes pour être certain de ne pas pioncer tout seul.

Survivant

Lee Fields est un monstre, un phénomène, un super héros au parcours improbable. Il n’a jamais eu la chance de signer sur la Stax ou la Motown. En 43 ans de carrière, il a sorti des albums sur 12 labels différents. Chanté et joué avec Kool and the Gang, Samy Gordon et Little Royal… Et même collaboré (le tube Jealousy, c’était lui) avec le gentil Martin Solveigh…

Né il y a bien longtemps à Wilson, en Caroline du nord, dans une famille de 4 enfants, Lee Fields a pris tellement de claques dans la tronche qu’il a failli devenir un Conehead. Comme beaucoup d’Afro-américains, Lee fait son éducation musicale à l’église. Le gospel avec maman, le blues grâce à papa… Il s’encanaille en écoutant du Eddie Floyd et du James Brown et entame sa carrière de chanteur à la fin des sixties. Lee s’en sort plutôt pas mal mais craque quand la musique change dans les années 80. Il se retire du milieu et se met à travailler dans l’immobilier. Certains ne s’en remettent jamais. Pleurent leur chagrin dans le bourbon et rangent leurs rêves au placard. Lee, lui, s’accroche. Revient dans le circuit. Côtoie Tyronne Davis, Johnnie Taylor… Et surtout s’acoquine avec Philip Lehman (Soul fire, Truth & Soul) et Gabriel Roth (Daptone). Lehman et Roth sont aujourd’hui les gardiens du temple. Perpétuant l’héritage des Otis Redding, Al Green et autre Sam Cooke. Lee Fields, lui, fait figure de survivant. On l’espère encore longtemps.

Julien Broquet

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