Rétrospective Martin Parr: plages, hot dogs et crèmes glacées

Stagiaire Le Vif

Du 29 mai au 27 juillet, la galerie Paris-Beijing présente une rétrospective du photographe anglais Martin Parr. L’occasion de se plonger dans un travail de longue haleine.

Au coeur de l’hôtel Winssinger conçu par Victor Horta, se trouve un échantillon du travail de Martin Parr. Pendant 30 ans, le photographe a sillonné les plages de Thaïlande, de Bali et d’Ukraine, mitraillé les classes moyennes du sud-ouest américain ainsi que les touristes dans les stations balnéaires anglaises. Armé de son appareil et de son flash, Martin Parr, qui devient membre de l’agence Magnum en 1994 n’hésite pas à pointer du doigt les grands maux de la société. Surconsommation, malbouffe, pollution… Si les sujets traités sont graves, le photographe les aborde d’une manière audacieuse. Les couleurs saturées ajoutées à la lumière crue du flash accentuent les défauts d’une société occidentale en totale perdition. Le résultat est décapant.

Dans ses séries Common Sense et Life’s a beach, il critique ouvertement le tourisme de masse et ses effets dévastateurs sur l’environnement. Des touristes s’agglutinent devant la tour de Pise et prennent des poses ridicules devant leurs objectifs. Sur les plages du monde entier, des corps baignant dans de l’huile sont aplatis comme des carpettes. Rouges comme des écrevisses. En regardant les clichés, le visiteur pourrait presque sentir le sable qui colle entre ses orteils.

Martin Parr s’est également intéressé à la notion d’ennui. Pour réaliser Bored Couples, il traque des couples rongés par l’ennui, qui ne savent plus où poser leurs yeux. Assis à une table ou dans une voiture, chacun s’isole dans sa bulle, rompant toute forme de communication. Last Resort dresse le portrait d’une ville balnéaire, New Brighton. Alors que les familles transpirent au soleil, les enfants se jettent sur les crèmes glacées et hot dogs. Ça s’empiffre et ça dégouline.

Pour réaliser ses images, Martin Parr n’hésite pas à se coller sous le nez des personnes qu’il photographie et à les éblouir avec son flash. Gros plans d’une bouche engloutissant un hamburger ou corps suant sur une plage, ses sujets sont généralement pris dans des positions peu flatteuses. Ils deviennent des caricatures d’eux-mêmes. Si son regard est ironique, Martin Parr reste empathique. Avec son sourire au coin des lèvres, il demande toujours la permission avant d’appuyer sur le déclencheur et montre le résultat à ses modèles.

Et comme il ne manque pas d’autodérision, le photographe se met en scène dans une série d’autoportraits décalés et kitchissimes. Qu’il se tienne debout dans une bouteille en verre, passe sa tête dans la gueule d’un requin ou se glisse dans la peau d’un cosmonaute, Martin Parr n’a pas peur du ridicule.

Une exposition à ne pas manquer. Une manière aussi de découvrir la galerie Paris-Beijing, installée depuis le mois d’octobre 2012 dans l’Hôtel Winssinger. Cet espace se dédie à la photographie contemporaine ainsi qu’à la scène artistique asiatique. Véritable pont entre l’occident et l’orient, la galerie propose de découvrir de nouveaux artistes asiatiques émergents.

LC (stagiaire)

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