Juste un p’tit clin d’½il, une mise au point!

De temps à autre, on reçoit des plaintes concernant Sortie de route. A partir de l’exemple d’une discussion sur un trottoir, notre chroniqueur répond à ses détracteurs. Une fois, pas deux. Sortie de route, track 27.

Samedi soir devant le Café Central, durant largement plus d’une bonne heure, je discute sur le trottoir avec un ami co-organisateur de soirées depuis 1990, qui fume comme une cheminée un jour d’élection pontificale. Il me raconte des trucs hallucinants, irréels, mais tous véridiques. Comment ruiner la concurrence entre établissements en déposant des réserves d’asticots sous les banquettes et dans les coins cachés des toilettes. L’histoire de ce grand prince des ténèbres de la nuit bruxelloise qui se trimballe avec des pacsons de poudre blanche, en fait, de la crotte de chien en décomposition, pillée. Il n’attend qu’une chose: se faire prendre par la police et rire de la balle déconfite des pandores quand leur reviendra l’analyse du laboratoire. Le souvenir de soirées clandestines. À minuit, y passent les pompiers et les flics. À midi, on retrouve certains représentants de ces forces pourtant en principe très ordonnées en civil sur le dancefloor, la tête complètement à l’envers. On aborde aussi un sujet plus geek: le fait que Traktor, programme de manipulation de fichiers MP3 qui facilite grandement le travail technique d’un DJ, est finalement une très bonne chose. Traktor a longtemps été décrié chez les puristes, m’explique mon camarade, mais la plupart se sont aujourd’hui rendu compte que vu que le software se charge de coller au scalpel les morceaux entre eux, on peut désormais à nouveau privilégier à la dictature du beat facile à tricoter de véritables sélections musicales, riches, éducatives et aventureuses. C’est une conversation plaisante, on se marre bien, et j’aime par-dessus tout ces anecdotes qui, à mon sens, donnent un bien meilleur instantané de la vie noctambule que ce qui se passe à l’intérieur du bistrot.

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Non que je trouve à critiquer ce qui se passe à l’intérieur du bistrot. Vraiment pas. DJ Pute Acier, culture musicale impressionnante, soufflante efficacité dancefloor, fout la grosse ambiance, avec un set essentiellement axé EBM, electronic body music, Front 242, The Neon Judgement, Crash Course in Science, électro teuton, tout ça. Quand j’y suis, je souris, je tape du pied, j’aime, j’ai à nouveau 17 ans. Je me retrouve parfaitement en phase avec cette offre musicale alors que beaucoup de lecteurs auraient pourtant l’impression d’avoir pénétré une antichambre de l’enfer auditif. Mes goûts personnels sont ravis mais est-ce vraiment là le genre d’information que doit contenir une rubrique telle que celle-ci?

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Sortie de route, comme l’indique son titre en forme de pitch, n’est pas du journalisme, pas de la critique approfondie et documentée, ni une chronique militante. Ce n’est pas le Gault & Millau de la night, même pas forcément un billet d’humeur. Il s’agit plutôt d’une collection de choses vécues, vues et entendues, le plus souvent véridiques à 100%, bien que parfois à 75, quand il s’agit surtout d’accentuer la frappe d’une vanne, de protéger des sources, des innocents, de l’adultère et des actes répréhensibles par la loi. L’une des principales motivations de cette série de billets, c’est de sortir de ce trip « we own the night » dans lequel pataugent tant d’autres chroniqueurs noctambules, l’influence Ardisson, la frime la plus con. C’est de rapporter de nos pérégrinations des polaroïds plus réalistes et sincères, même si parfois un tout petit peu mis en scène, que ceux photoshopés au glitter que l’on peut lire ailleurs. On sait tous que pour une nouba réellement réussie et amusante, une nuit véritablement transcendante, il y en aura une pelletée où l’on se met la misère par automatisme et bien davantage encore où, tout simplement, les rares chats présents ronflent sur les radiateurs. Fondamentalement, c’est ça, la nuit, quand on la pratique de façon hebdomadaire et ce n’est ni cynique, ni grincheux, ni se faire le Jacques Mesrine de l’horeca que de le raconter. Il y a juste que cela peut éventuellement contrarier le marketing et la réputation des promoteurs.

Depuis la naissance de cette chronique, en octobre 2011, rarement mais régulièrement, des plaintes arrivent à la rédaction ou via Facebook. On me reproche de mal présenter les soirées où je vais, que je noie ma déontologie et mon objectivité dans l’alcool, que je ne cherche jamais à rencontrer les organisateurs qui se donnent tant de mal à monter des concepts afin qu’ils me les expliquent. On dit que je me sers du nom d’events produits dans l’angoisse et la passion pour me foutre de la balle des groupes sociologiques qui s’y retrouvent et ne méritent pas telle canonnade. Pour reprendre les termes exacts d’une missive qui m’avait été adressée, je donne en fait du grain à moudre aux « renards de la nuit », aux forces de stagnation, aux piranhas de la concurrence. C’est une façon de voir et elle n’est pas la mienne. Je ne suis partenaire de personne, au service d’aucun marketing, d’aucune contre-offensive. Entré le plus souvent en payant, anti-VIP par conviction, je ne dois rien à personne, sinon aux lecteurs, et quand bien même le devrais-je, je préférerais toujours observer ce qui se passe dans le public, me faire le vecteur de ses impressions, y compris négatives, décrire son pedigree, ses castars et ses délires, privilégier l’humour vache aussi, que de parler d’un mec comme du nouveau Leonardo Da Vinci alors qu’il ne fait que louer une salle afin de tenter de la bourrer de gens qui ont essentiellement envie de gros son, de picole, de conscience en vadrouille et d’éventuellement baiser. Ce qui, venant de moi, n’est nullement péjoratif, méprisant ou mal vu. Juste recadré. Paranoïa, petite comptabilité et narcissisme d’un côté. Big fun de l’autre. My way.

Serge Coosemans

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