Critique | Livres

Texas Cowboys, nouveau western

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Matthieu Bonhomme et Lewis Trondheim s’emparent d’un genre tombé en désuétude. Une réussite graphique et narrative, marquée par l’évident plaisir de ses auteurs.

De Matthieu Bonhomme et Lewis Trondheim, Éditions Dupuis. ****

On connaissait Buddy Longway, on aimait bien Durango, on vénérait Blueberry; peut-être faudra-t-il désormais ne rien manquer des aventures de Harvey Drinkwater. Ce pied-tendre venu de l’Est -pour bien trop de raisons que pour ne pas avoir de gros ennuis dans le Grand Ouest- est au centre de ce nouveau Texas Cowboys à la fois violent, pétaradant et parfois contemplatif: entre la vengeance, l’argent et l’amour, il devra faire des choix, comme tout le monde au Far West. Car du monde, à Fort Worth, Texas, ce n’est pas ce qui manque: des desperados, des voleurs, des barmen, des hommes-médecine, des shérifs, quelques indiens Wichitas et même une jolie pouliche. En gros, tout ce que le western a imposé comme codes, clichés et figures. Si ce n’est qu’ici, ce sont deux auteurs français jusqu’ici peu habitués au classicisme qui revisitent le genre, dans un roman graphique d’une grande modernité.

A la manoeuvre, il y a d’abord Matthieu Bonhomme. Somme toute, une présence logique: l’auteur de la série Esteban ou de Messire Guillaume rêvait depuis longtemps de s’attaquer au western, avec son chapelet de braquages de banques, de chevauchées fantastiques et de duels au soleil.

Lui qui assume son amour des récits d’aventure tous publics ambitionnait depuis ses premiers albums de renouer avec ses débuts, lorsqu’il fréquentait assidûment l’atelier de Christian Rossi, l’auteur de Jim Cutlass, sur scénario du regretté et irremplaçable Jean Giraud. Un lieu où il a multiplié les crayonnés de canassons et de colts fumants, sans jamais passer le pas sous son propre nom: « J’avais trop peur de me confronter à mes références, de ne pas sortir des poncifs », nous avait-il expliqué. Il trouve alors LA bonne idée: demander à son ami Lewis Trondheim, qu’on ne présente plus, de lui pondre un scénario sur mesure. Ce sera ce Texas Cowboys d’abord édité en épisodes et en petit format comme supplément du journal de Spirou, à la manière des revues américaines de l’époque, proposant « The best wild west stories published ».

Fidèle et moderne

Si Texas Cowboys se veut fidèle au genre, il l’est aussi à son époque: fini le format en planche A4 et en quatre strips, sur 44 pages; ceci est un « vrai » roman graphique, de six cases maximum par planche, plus petites mais quatre fois plus nombreuses, avec une narration chorale et éclatée; Lewis Trondheim découpe son récit avec brio, multipliant les points de vue, les lignes de temps, les rythmes et les ambiances au service (pour une fois…) d’un suspense vraiment intense.

Que du bonheur, effectivement, pour Matthieu Bonhomme, dont le plaisir et l’amour du genre perlent à chaque case, qu’elle soit remplie de fureur ou juste de tension.

Expo-vente des planches de Texas Cowboys à la librairie-galerie Brüsel, 100 bvd Anspach, du 30/08 au 18/09. Dédicaces et ambiance saloon le week-end du 08 et 09/09. www.brusel.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content