Jean-François Pluijgers

Nouvelle monture pour Ciné Station

Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Cinquième livraison pour Ciné Station, le magazine de cinéma animé sur la RTBF, par l’homme aux lunettes plus blanches que jamais, Philippe Reynaert.

Par Jean-François PLUIJGERS

L’Envers de l’écran, précédent rendez-vous télévisé de l’ami Reynaert, étant arrivé en bout de course, voilà quelques mois déjà que Ciné Station s’est installé dans le paysage médiatique, en toute discrétion s’entend: du côté de 22h50, le samedi soir, voilà qui ne risque pas d’affoler l’audimat, mais qui a au moins le mérite de garantir au septième art une présence sur les antennes de la RTBF. Est-ce pour s’assurer une plus grande visibilité? Toujours est-il que c’est le visage barré de lunettes plus blanches que jamais (tel est du moins l’effet produit par ses montures dernier cri), que l’on y retrouve Mr Wallimage, secondé pour l’occasion par un quatuor de critiques. A charge pour ces derniers de brosser un panorama contrasté des sorties en salles, tout ce petit monde étant bientôt rejoint par un(e) invité(e), soit, pour cette cinquième livraison, Lubna Azabal, à l’affiche du formidable Incendies de Denis Villeneuve.

En voiture

Puisque le magazine fait dans la métaphore ferroviaire, on embarque dans un premier temps à bord du compartiment critiques. Traiter d’une actualité hebdomadaire dans une émission mensuelle relève de la gageure, si pas de la quadrature du cercle; va donc pour un échantillon trahissant, pour le coup, un désir de ratisser large: Hereafter, Tron, Rundskop et Rien à déclarer font l’objet d’une discussion à bâtons rompus, Philippe Reynaert endossant pour sa part les habits de modérateur…

C’est évidemment l’une des règles du genre: on entend là tout et son contraire, tout en restant, pour l’essentiel, à la surface des choses. Si l’on a parfois du mal à en croire ses oreilles (sursouligné, vraiment, Million Dollar Baby, ce film où Eastwood brouillait brillamment toutes les attentes?), de même que l’on éprouve, en d’autres occasions, le sentiment d’assister à la « pauwelisation » en marche du service public, l’ensemble n’est pas dénué de saveur, ni de cohérence interne, chacun endossant un rôle dont il ne s’écarte guère. Soit une joute au cours de laquelle la discussion critique se fait souvent débat d’humeur (air du temps, quand tu nous tiens) mais qui vaut à l’émission de gagner en dynamique ce qu’elle perd éventuellement en rigueur.

Changeant de casquette, Reynaert accueille ensuite Lubna Azabal. L’homme excelle dans l’exercice, avec son art consommé de mettre ses interlocuteurs à l’aise, prolongé par une authentique faconde. Tout au plus si l’on regrettera que le rythme TGV présidant à Ciné Station prive le spectateur de ces entretiens en profondeur dont il les régalait auparavant; la loi du zapping est passée par là aussi, qui voit le magazine enchaîner les rubriques dans sa seconde partie. Le voyage se déroule sans accrocs cependant, et le paysage est même, dans l’ensemble, plaisant. Et quand pointe la menace du train-train (c’est facile, d’accord), il se trouve une Mélanie Thierry pour venir en écarter l’éventualité -mémorable séquence prochain départ, sur le tournage du premier long métrage de Stéphane Cazes, Le sens de nos peines.

Au moment de prendre congé, Philippe Reynaert, modèle de courtoisie comme à l’accoutumée, prend soin de saluer les amis de la polémique et du cinéma. On n’est jamais trop prudent…

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