Le cinéma en-chanté

Catherine Deneuve et Françoise Dorléac, éternelles Demoiselles. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

La Philharmonie, à Paris, accueille une vaste exposition consacrée aux comédies musicales, de Singin’ in the Rain à La La Land, manière d’oser malgré tout la joie de vivre.

Régulièrement donnée pour moribonde, la comédie musicale a cette faculté rare de pouvoir toujours renaître de ses cendres. Ainsi, il y a deux ans de cela, avec La La Land, lumineux hommage de Damien Chazelle au musical classique, de Hollywood à Jacques Demy. Ou, aujourd’hui, dans les allées de la Philharmonie de Paris, qui accueille jusque fin janvier l’exposition Comédies musicales, la joie de vivre du cinéma. Gage d’euphorie partagée, le commissaire N.T. Binh et le scénographe Pierre Giner ont opté pour un parcours immersif où l’on déambule en musique et en images – La Mélodie du bonheur, en somme. Ce n’est toutefois pas sur le classique de Robert Wise, mais bien sur Singin’in the Rain, de Gene Kelly et Stanley Donen, que s’ouvre la visite, sommet absolu et synthèse d’un art majuscule dont une chronologie vient rappeler les temps forts, de sa naissance aux États-Unis avec le « parlant » à ses derniers avatars, tout en les inscrivant dans leur époque. Historique dont il ressort que la comédie musicale s’épanouit tout particulièrement en temps de crise -il s’agit, après tout, de « trouver la joie de vivre dans une époque sombre », comme l’explique Rob Marshall, le réalisateur de Chicago, dans la livraison de la revue Positif accompagnant l’expo-, phénomène n’étant guère étranger, sans doute, à son nouvel essor.

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Des mondes utopiques

Passée cette introduction, l’exposition se décline comme un vaste espace ouvert intégrant les différents aspects de la fabrique d’une comédie musicale, de l’écriture au casting, en passant par le doublage des acteurs, les décors, la musique ou, bien sûr, les chorégraphies. Recourant aux outils classiques -documents, costumes, enregistrements, témoignages (de Damien Chazelle à Alex Beaupain, le compositeur attitré de Christophe Honoré), photogrammes… -, la scénographie joue aussi de l’interactivité, permettant, par exemple, au visiteur de réécouter diverses chansons emblématiques, voire encore de s’initier aux… claquettes. Non sans méditer cette réflexion d’un critique du New York Times à la sortie de Silk Stockings, de Rouben Mamoulian, en 1957: « Une loi devrait stipuler que Fred Astaire et Cyd Charisse jouent ensemble dans un film musical au moins une fois par an »

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L’exposition s’offre encore une incursion bienvenue dans les déclinaisons internationales du genre, de l’Inde au Brésil. La pièce-maîtresse du dispositif réside toutefois dans un large mur-écran, installation proposant divers montages d’images, histoire de restituer le musical dans toute sa magie -de La Chanson des jumelles des Demoiselles de Rochefort, de Jacques Demy, scène projetée en regard de ses préparatifs, à l’immortel Cheek to Cheek, réunissant Fred Astaire et Ginger Rogers dans Top Hat, de Mark Sandrich, assorti de ses déclinaisons dans The Green Mile, de Frank Darabont, et The Purple Rose of Cairo, de Woody Allen. Le Elvis Presley de Jailhouse Rock y rivalise en déhanchements avec le John Travolta de Grease, Gene Kelly danse avec Jerry la souris dans Anchors Aweigh, et l’on se laisse ensorceler par les chorégraphies géométriques de Busby Berkeley, sublimant les naïades de Million Dollar Mermaid comme les violonistes de Gold Diggers of 1933. Et de se prendre à rêver des mondes utopiques, porté par une réflexion d’Arnaud Desplechin: « Une telle aspiration à la joie malgré tout, à la beauté avant tout, savoir faire danser le chagrin ou la solitude, il n’y a pas de plus grand art… »

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Comédies musicales, la joie de vivre du cinéma, jusqu’au 27/01/19 à la Philharmonie de Paris. www.philharmoniedeparis.fr

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