Le prix Nobel de littérature, Mo Yan, s’explique sur la censure

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Stagiaire Le Vif

Le romancier chinois s’est vu décerner le prix Nobel de Littérature 2012 ce lundi au Stockholm Concert Hall, dans la capitale suédoise. Mo Yan s’était par ailleurs expliqué sur la censure lors d’une conférence de presse donnée quelques jours plus tôt. Ses détracteurs le jugent trop proche du régime.

« Savoir s’il y a une liberté d’expression en Chine est une question difficile » a dit le prix Nobel lors d’une conférence de presse à Stockholm le jeudi 6 décembre, invitant chacun à aller sur Internet pour se forger une opinion. La censure est parfois « nécessaire » a ensuite déclaré Mo Yan, comparant celle-ci aux fouilles dans les aéroports. Et de minimiser: « elle existe dans tous les pays du monde. La seule différence est le degré. » Le principal est qu’« un auteur se sente libre dans son for intérieur. » La censure n’empêcherait pas la créativité selon ses dires.

Parmi ses prédécesseurs, le romancier ne s’est pas fait que des amis. En témoignent les propos de l’écrivain germano-roumaine Herta Müller qui dit avoir pleuré lorsqu’elle appris que le prix Nobel de Littérature allait être remis à un auteur qui « loue la censure. » La presse américaine n’y allait pas de main morte non plus. « Quelle misère, le lauréat du Nobel Mo Yan défend la censure » titrait même le Los Angeles Times sur son site Internet.

Tout le monde ne partage cependant pas cet avis. Shelley W. Chan par exemple, auteur américaine d’Une voix subversive en Chine: le monde fictionnel de Mo Yan, reproche à ses détracteurs de ne pas avoir lu son oeuvre. Selon elle, certaines des critiques de l’écrivain chinois contre le régime communiste sont très explicites, et d’autres plus allusives. Certains passages pouvant être interprétés comme des références à la répression sanglante contre les manifestants de la place Tian’anmen en 1989, dont il est quasi interdit de parler en Chine.

Soutien timide à Liu Xiabo

Lors de la même conférence, Mo Yan a soutenu du bout des lèvres le prix Nobel de la paix 2010 Liu Xiaobo qui se trouve actuellement en prison. « J’ai déjà exprimé mon opinion sur ce sujet », a-t-il dit en faisant allusion à des propos qu’il avait tenus en octobre dernier. Mo Yan avait alors déclaré: « J’espère qu’il va pouvoir recouvrer la liberté aussi vite que possible. »

Liu Xiaobo, écrivain lui aussi, purge depuis 2009 une peine de 11 ans de réclusion pour « subversion » après avoir rédigé un texte en faveur de l’instauration de la démocratie en Chine. En 2010, son prix Nobel avait été passé sous silence alors que les médias officiels chinois ont fait de Mo Yan un héros national.

Ivan Chorine (stg)

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