Critique | Livres

Seth Morgan – Homeboy

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

POLAR | La lie de la terre a toujours été un terreau fertile pour nombre de romans, noirs surtout, américains en particulier.

Seth Morgan - Homeboy

Voici donc une nouvelle plongée dans l’enfer des Damnés, cette fois à San Francisco. Putes, junkies, paumés, mineurs abusés, sociopathes, membres de gangs…: tous se sont donné rendez-vous dans ce Liberté sans condition. Il faut dire qu’il y a de la place: 700 pages de descente aux enfers dans le sillage de Joe Speaker, camé loser qui, d’un vol mal foutu en compagnie d’un complice encore plus défoncé que lui, va finir en prison, à la pogne d’un caïd amateur de snuff movies et autres fantaisies sadiques. Dur donc, et vraiment sans fard ni concession, si ce n’est à la lisibilité: Seth Morgan use et abuse d’expressions argotiques (nécessitant un lexique) et de phrases infinies, denses et complexes, comme si ce bouquin devait être son dernier. En fait, il le fut: Seth Morgan est mort en 1990, quelques mois après sa propre sortie de prison et la publication de ce premier roman. Fils de bonne famille parti en sucette à l’époque des hippies, Seth Morgan n’aura pas eu le temps de devenir le bon écrivain que l’on devine, parfois, ici. La rage, la dope et la connaissance de son sujet ne suffisent pas toujours: n’est pas Hubert Selby Jr ou James Fogle qui veut, malgré l’affirmation pas gênée en dos de couverture.

  • LIBERTÉ SANS CONDITION DE SETH MORGAN, ÉDITIONS SONATINE, TRADUIT DE L’ANGLAIS (USA) PAR AUDE PASQUIER, 726 PAGES.

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