Critique | Livres

Tale of Sand

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

ROMAN GRAPHIQUE | Tale of Sand était à l’origine un scénario de long métrage écrit à la fin des années 60. Jim Henson et son alter ego Jerry Juhl étaient alors au sommet de leur créativité: Sesame Street démarrait, les Muppets allaient bientôt tout déchirer.

DE JIM HENSON, JERRY JUHL ET RAMON K. PÉREZ, ÉDITIONS PAQUET, 160 PAGES. ***

ROMAN GRAPHIQUE | Sud-ouest des Etats-Unis, ambiance désertique. Une ville de western, où se mêlent cowboys et costards-cravates. Un homme, bientôt emporté par la foule. Un shérif, qui lui donne une carte (« mais ne te fie pas à la carte »), une clé énorme et « dix bonnes minutes d’avance ». « Sur quoi? », susurre le héros de ce « Conte des sables » né dans l’imaginaire de Jim Henson, l’auteur du Muppet Show: sur une course-poursuite absurde et bientôt délirante, digne d’Alice, qui devait devenir un film et qui finit en bande dessinée. Ou plutôt en roman graphique très comics qui offre post-mortem à son auteur originel le seul médium effectivement capable de donner corps à ce délire tragi-comique, visuel et narratif. On y croise des moudjahidin qui se battent avec des quarterbacks, des cafés français cachés dans le désert, des tanks poursuivant des indiens, des piscines remplies de requins, des explosions énormes… Le tout dans une course effrénée entre notre monsieur X quasiment muet et son double sorti des enfers. Tale of Sand était à l’origine un scénario de long métrage écrit à la fin des années 60, « une comédie dramatique surréaliste, où nombre de plans opposent de vastes territoires désertiques à l’incongruité des situations ». Jim Henson et son alter ego Jerry Juhl étaient alors au sommet de leur créativité: Sesame Street démarrait, les Muppets allaient bientôt tout déchirer. Impossible à financer et monter, le projet Tale of Sand est lui resté dans les cartons. Pas de marionnettes ici, mais bien un pantin, sorte de cheval sans tête servant de prétexte narratif aux délires visuels de son créateur… Finalement, l’ombre de Kermit plane déjà sur ce bel objet un peu étrange et anachronique, mêlant esprit sixties et graphisme contemporain. Les fans de Jim Henson apprécieront, les autres risquent de rester perplexes.

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