Les Ardentes J2: jeu collectif

© Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Pour clore une grande scène un peu poussive en ce début de week-end, les Ardentes ont convoqué le grand méchant Marilyn Manson. Avant, le Peas Project a fait péter un hip hop-funk pas foncièrement original et Balkan Beat Box a rempli son contrat.

Les Ardentes, vendredi, début de soirée. Un petit creux mais pas grand-chose à se mettre sous la dent. On s’interroge deux secondes sur le line-up de la grande scène: Gaz Coombes, Ed Kowalczyk (le chanteur de Live. Remember?), les comiques de Far East Movement… La ligne de conduite, l’éventuel fil rouge? On cherche toujours. L’important heureusement n’est pas là: dans la file des tickets boissons, une brève de comptoir chopée au vol: « Merde, quoi! Il y a un an, on était encore tous là. On était tous ensemble, on avait dit qu’on reviendrait tous ensemble. Et là, c’est quoi, qui est là au final?: ‘j’ ai acheté ma maison, vous pouvez tous aller vous faire foutre’, voilà ce qui se passe« . Oué, gros, tout est foutu, tout part en couilles. Enfin pas tout. Certains continuent à la jouer collectif. Comme le Peas Project, à 10 sur la scène du HF 6, pour faire péter un hip hop-funk pas foncièrement original, mais foutrement efficace. Il y a des machines, batterie, percu, une chanteuse, un MC qui couine comme James Brown, et surtout 3 cuivres pour allumer la mèche. Ça joue serré, compact, avec une belle pêche, et un évident plaisir d’être là. Contagieux.

Sur la grande scène, autre équipage sautillant: le Balkan Beat Box, en full mode ska-punk-polka précisément au moment où l’on débarque. Là aussi, les cuivres donnent le ton, mais leur couleur est moins funk, davantage branchés sur des circonvolutions orientales. Et puis le BBB ne fonce pas tête baissée. Il varie heureusement les tons et les couleurs. Certes, le groupe paraît parfois fonctionner en mode automatique, presque désincarné. Quand il lâche les chevaux, il ne réussit jamais tout à fait à sortir des rails, à créer l’étincelle de folie qui ferait déborder le set. Soit. Cela n’empêche pas la sauce de prendre. Ce qui pouvait être un pari sur la grande scène, juste avant la mère Manson, s’avère réussi.

Manson comme à la parade

L’attraction du vendredi, c’était bien lui. Pour clore une grande scène un peu poussive en ce début de week-end, les Ardentes avaient convoqué le grand méchant Marilyn Manson. L’assurance d’une tête d’affiche spectaculaire, une curiosité qui attire toujours les foules. A défaut d’être tout à fait bouleversante – le bonhomme a quand même perdu pas mal de son mordant ces dernières années.

Cela n’empêche pas les caprices de stars (la loge repeinte en noir). Comme toutes les divas, la mère Manson se fera également longuement attendre. Trois quart d’heure quand même, avant de faire tomber le rideau noir et de lancer le grand barnum. Autant l’écrire tout de suite: pas de grosse surprise au programme. Marilyn Manson est toujours fort maquillé, fort tatoué, fort énervé. Enfin, à voir: la moue est quand même plus souvent lasse que véritablement enragée. Soit, ça bastonne malgré tout gentiment. Ce n’est pas très passionnant – Manson reste quand même un artiste plus connu pour ses reprises (Sweet Dreams en rappel) que pour ses propres chansons (Elvis aussi, me direz vous). Mais on ne s’ennuie pas tout à fait non plus.

Au bout de 4 morceaux, on se rend tout de même compte que le plus interpellant du set reste les changements de micro (en forme de coup de poing américain, de hachoir…). Le scénario cocasse se répètant après chaque titre: Manson empoigne le micro au centre de la scène, dit deux mots, puis balance le pied qu’un roadie bedonnant à queue de cheval s’empresse de ramasser et de poser dans le coin, avant de le remettre au centre à la chanson suivante. On s’amuse comme on peut.

En attendant, le bonhomme aura fait le boulot. Le côté agent provocateur ne joue plus vraiment. Mais le format fonctionne toujours. A côté du stand pita, en face du bus Jupiler, le cirque Manson aura oeuvré.

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