Critique | Musique

Washed Out – Within and Without

Encensé depuis des mois sur la Toile, Washed Out sort son premier album, Within and Without, une jolie rêverie pop pour le lever du soleil.

On n’est jamais à l’abri d’une nouvelle tendance. Le rock en particulier en a toujours été friand, véritable champion de la valse aux étiquettes (tout en les rejetant officiellement dès qu’il le peut). Un nouveau style tous les 2 mois, ça ne mange pas de pain. A condition de ne pas s’y perdre. Se brancher sur les courants alternatifs tout en évitant les courants d’air: tout un art…

Ces derniers mois, Washed Out est ainsi passé pour l’une des figures de proue du mouvement baptisé « chillwave ». D’accord, le nom est un peu ridicule pour désigner un genre musical, mais c’est ce qui fait aussi tout son sel. Et puis, il y a eu pire: le shoegazing, par exemple… Dans les années 90, il désignait les groupes dépressifs anglais qui érigeaient un mur du son en regardant leurs chaussures. Il y a un peu de ça aussi dans la chillwave, et dans le premier album de Washed Out en particulier: un petit côté tristoune, mélancolico-plombé. Mais le lien s’arrête à peu près là. Aux guitares sous larsen, la chillwave préfère les nappes de synthés eighties et une langueur vaguement dance. Cela dit, la particularité de la chillwave est peut-être moins une question d’esthétique que de technique: tous ceux à qui on a pu coller l’étiquette agissent seuls, ou en très petit groupe, retranchés timidement derrière leur laptop. De la pop de chambre, somme toute.

Délavé
Derrière Washed Out, se cache donc le seul Ernest Greene. Cela fait des mois que l’Américain (1983, Perry) fait frémir gentiment les blogs branchés. Son premier album sort enfin, pour enfoncer le clou. Il correspond bien au cahier des charges explicité ci-dessus: Within And Without creuse une veine cotonneuse et ouatée, dans laquelle la voix noie son spleen dans un écho permanent (Far Away). Washed Out s’active ainsi dans cette zone un peu vague, entre chien et loup. Ni vraiment neurasthénique à proprement parler, ni tout à fait extravagante. On y retrouve bien des accents dance (Amor Fati, Echoes… ), mais alors du côté du balearic, bande-son idéale pour assister au lever du soleil sur la Méditerranée.

Greene arrive malgré tout à donner du poids et une certaine consistance à son électropop domestique. Une cohérence aussi. Ce qui est la force et peut-être aussi le point faible de Within And Without: mis à part la conclusion au piano (A Dedication), le premier album de Greene peut parfois sonner trop monochrome. En cela, Washed Out (« délavé », sauf erreur) mérite bien son nom…

LAURENT HOEBRECHTS

Washed Out, Within and Without, distribué par Domino.

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