Benjamin Schoos, Mademoiselle Nineteen: pavillon chinois

CHANSON | L’amour, façon Freaksville? Un combat de catch pour Benjamin Schoos, en plein trip romantico-rococo. Une brise d’été sentimentale pour Mademoiselle Nineteen.

BENJAMIN SCHOOS, CHINA MAN VS CHINA GIRL ***, MADEMOISELLE NINETEEN, MADEMOISELLE NINETEEN **, DISTRIBUÉS PAR FREAKSVILLE RECORDS.

Miam Monster Miam, épisode… Episode combien déjà? A la tête de son label Freaksville, Miam Monster Miam -Benjamin Schoos dans le civil- n’arrête jamais longtemps. Il faut pouvoir suivre, entre ses compilations d’électro bizarroïde, la production de disques pour Lio, Duvall, Marie France, Sophie Galet et autres givrés genre Man From Uranus ou Android 80… The hardest working man in Wallifornia, pas moins…

Le voilà qui sort un disque sous son propre nom, intitulé China Man vs China Girl. Pour l’occasion, il endosse le costard de crooner-loser frenchy. Le disque commence avec High-Flying Melancholia, saxo eighties sur synthés océaniques, qui amène le sublime Marquise. Piano mélo, intro italo, et wowowo déchirants: le numéro de Benjamin Schoos est parfaitement au point, tout à fait crédible dans son rôle de séducteur décalé à la Sébastien Tellier. On pense aussi volontiers à Benjamin Biolay pour le phrasé grave, proche du talk over. En plus rigolard ou fantasque, biberonné aussi bien aux extravagances de Jean-Claude Vannier qu’au transformisme à la David Bowie (China Man vs China Girl donc).

L’apport de Jacques Duvall, principal responsable des textes, n’est évidemment pas à négliger. Sa capacité à organiser les dérapages sémantiques qui font mouche ne donne toujours aucun signe de faiblesse. L' »expert en désespoir » trousse ici des chinoiseries amoureuses, où les affaires de coeur tiennent du match de catch (Profession catcheur, Catch, Le combat, Arthur Cravan vs Jack Johnson). Pas un truc de petits garçons, mais bien une affaire d’hommes blessés, le palpitant en porcelaine.

En bonus, Benjamin Schoos organise un duo entre Marie France et Chrissie Hynde (Pretenders), Un garçon qui pleure, tandis que Laetitia Sadier (Stereolab) remplace Mademoiselle Nineteen sur Je ne vois que vous et que le camarade Mark Garderner (Ride) officie sur Worlds Away, seul titre anglophone du disque.

Evidemment, Benjamin Schoos reste Miam Monster Miam (et vice versa): aussi atypique qu’hyperréférencé, le disque flotte parfois un peu. Mais c’est aussi cet exercice de funambulisme qui fait le charme de China Man vs China Girl.

Lolita pop

A l’inverse, le premier album éponyme de Mademoiselle Nineteen, alias Juliette Wathieu (21 ans), est volontairement plus cadré. Le format? Quelque part entre pop et chanson, citant à la fois France Gall et Lio, Françoise Hardy et les Calamités (Dormir le restant de ma vie avec toi), Nancy Sinatra (Le chagrin et l’amour) et… Axelle Red (Je danse dans le noir). On retrouve à nouveau Jacques Duvall pour les textes malins et le tubesque Je ne vois que vous. Sur la longueur, à force de viser la légèreté pop, le disque a un peu de mal à tenir toutes ses promesses. Cela n’empêche toutefois pas la lolita pop de Freaksville de tirer joliment son épingle du jeu, comme sur le touchant Quelle importance.

Laurent Hoebrechts

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