Jean Dujardin: « Je vais me taire, apparemment ça me réussit pas mal »

Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie pour « The Artist », Jean Dujardin était invité surprise lors du dernier festival de Cannes où il recevait un prix d’interprétation. Portrait d’un acteur virevoltant.

Qu’il ait du charme, et du style à revendre, Jean Dujardin en avait encore fait la démonstration lors de la cérémonie de clôture du 64e festival de Cannes. Le genre à enchaîner en un même mouvement ou presque, à l’heure de recevoir un prix d’interprétation incontestable, une double pirouette physique et verbale à la fois: « Je vais me taire parce que cela me réussit apparemment pas mal. » Et comment: en aurait-on douté que The Artist est venu confirmer l’étonnant potentiel de Brice de Nice, acteur populaire dont le succès n’a pas entamé la curiosité -il en fallait, en effet, pour aligner en quelques mois Le Bruit des glaçons de Bertrand Blier, et ce film muet en noir et blanc.

Derrière ce dernier, et son triomphe cannois, un complice de l’acteur, Michel Hazanavicius, le réalisateur des deux OSS 117. Et un auteur à qui le lie une authentique relation de confiance. Si bien que lorsqu’il lui a présenté ce qui était au minimum un projet gonflé, Dujardin n’a guère hésité à plonger dans les habits de George Valentin, une star du muet emportée, comme tant d’autres, par la tornade du parlant. « Pour avoir déjà tourné 2 films avec Michel, je savais que c’est vraiment quelqu’un qui a du goût, explique-t-il, alors qu’on le retrouvait, décontracté, dans le jardin d’une résidence cannoise. Michel a fait les Beaux-Arts, et cela se voit: avec sa composition du cadre et sa connaissance du cinéma, j’avais la certitude qu’il y aurait quelque chose d’esthétiquement très fort. L’angoisse venait plutôt du fait de ne pas pouvoir parler -c’est quelque chose qu’on nous enlève, à nous comédiens. »

Voire. A le regarder se mouvoir à l’écran, virevoltant tel Douglas Fairbanks en ses plus beaux jours, on a l’impression que Dujardin a la gestuelle du muet inscrite dans les gênes. « C’est très instinctif. Ce n’est pas un truc qu’on peut préparer, on sent si on est juste ou pas. Michel a écrit le film pour nous, il nous connaît et nous fait confiance, nous ne sommes finalement que dans les réglages, et les nuances de la mise en scène. » A quoi s’ajoute une proximité avec son personnage que l’acteur confesse volontiers: « Autant sur OSS, j’avais l’impression d’aller chercher des choses chez Sean Connery ou chez Paul Newman, des poses, autant là, j’ai l’impression que c’est une espèce de fantasme de moi-même. C’est plus personnel, curieusement: si la correction ne me l’interdisait, et que je me lâchais, je pourrais faire des trucs comme ça… » Et d’avancer, en outre, cette part d’enfance qui le lie au personnage.

Lui suggère-t-on que The Artist pourrait lui valoir de nouvelles perspectives, hollywoodiennes pourquoi pas, qu’il préfère s’en s’amuser. « Pour des films muets, cela irait. Adam Sandler m’a proposé 3 jours de tournage, après The Artist, mais je devais rentrer en France. Ce serait l’occasion d’apprendre l’anglais. Mais je n’ai pas ce fantasme-là, ce n’est pas une fin en soi. Il y a beaucoup de choses à faire aussi en France, et je veux en faire partie. Maintenant, s’il y a une opportunité, et que ce n’est pas qu’un french lover de plus, pourquoi pas?… »

Rencontre Jean-François Pluijgers, à Cannes

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