Le Tom Waits noir et le Jimi Hendrix de la boîte de conserve

© Mr. Mog

Les Nuits Botanique touchent à leur fin mais Willis Earl Beal et le Staff Benda Bilili ont frappé fort (très très fort) dimanche soir. Plongée dans les rues d’Alburquerque et de Kinshasa.

S’il y avait un nom qui attisait la curiosité à l’affiche des Nuits Botanique, c’était bien celui de Willis Earl Beal. Personnage énigmatique âgé de 28 ans et originaire de Chicago, Willis a vécu dans la rue et habite désormais chez sa grand-mère. Il rêve de devenir le Tom Waits noir. A participé aux sélections d’X-Factor et est aujourd’hui signé sur XL, le label d’Adele et de feu les White Stripes. L’afro-américain qui a trouvé sa vocation dans les rues d’Alburquerque au Nouveau-Mexique et s’est fait connaître en distribuant des flyers frappés de son numéro de téléphone (« call me and I’ll sing you a song ») était dimanche soir au musée du Botanique pour ce qui ressemble moins à un concert qu’à une séance d’exorcisme. Seul en scène, Willis lit du Charles Bukowski. Fait dans l’a cappella. Joue ses ballades à la guitare électrique (posée sur ses genoux). Puis surtout chante, hurle, éructe sur les enregistrements sortis de sa boîte à musique. Ce garçon est possédé. Habité par les démons d’un blues et d’une soul primitifs. Les yeux dans les yeux avec le public, debout sur une chaise, il enchaîne les morceaux de son premier album, Acousmatic Sorcery, avec une conviction inébranlable et des petits airs de Screamin’ Jay Hawkins. Bluffant.

Au Cirque Royal règne une chaleur de bête et il ne faut pas compter sur le Staff Benda Bilili pour faire chuter la température. Bien au contraire. À défaut de la grande foule, c’est la grosse ambiance pour les cinq paraplégiques de Kinshasa. Quatre sont en fauteuils roulants et Kabose s’agite debout sur ses béquilles tandis que Roger, le Jimi Hendrix de la boîte de conserve, un gamin qu’ils ont sortie de la rue, de la pauvreté et de la détresse, part dans des solos de dingo avec son instrument de fortune (le satonge).

Le Staff, qui a le rythme dans le sang et la rumba congolaise dans la peau, a d’ores et déjà terminé l’enregistrement de son deuxième album qui sortira en septembre. La machine à danser de Kin n’en donne cependant qu’un petit avant-goût. Le concert du Cirque clôt davantage la tournée de Très très fort qu’il lance celle de Bouger le monde. Le nouveau disque aurait dû être mis en boîte fin 2011 et voir le jour en avril dernier mais étant donné les violences qui ont accompagné les élections congolaises, Vincent Kenis (actuellement en train de terminer le mastering) n’a pu rejoindre la smala qu’en février. Les deux nouveaux musiciens (un guitariste solo et un percussionniste) n’ayant par ailleurs pas reçu leur visa, difficile d’interpréter les dernières compositions… Qu’à cela ne tienne, le Staff a la niaque et tout le monde se déhanche dans la moiteur ambiante. Bougez, bougez…

J.B.

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