Tensnake, une vie après Coma Cat

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Il sera l’un des invités d’honneur du prochain Libertine Supersport, le 29 juin prochain, au Mirano de Bruxelles. Conversation avec l’Allemand Marco Niemerski, alias Tensnake.

Qui dit musique électronique allemande pense d’abord techno et Berlin. Comment cela se passe-t-il du côté d’Hambourg?

J’adore vivre à Hambourg, mais la scène n’y est pas aussi importante qu’à Berlin, par exemple. En fait, je pense qu’il est juste de dire que je ne fais pas vraiment partie de la scène électronique locale. Ce qui peut expliquer pourquoi je voyage autant ailleurs en Europe et au Royaume-Uni. Là, je suis vraiment content de pouvoir rejouer au Panorama Bar à Berlin -c’est un coin de la ville très typique et incroyable, certaines soirées sont légendaires!

Il paraît que vous êtes un ex-mod et que vous avez même eu votre période goth/grunge?

Hein! Où avez-vous été pécher ça? OK, j’avoue… Bon, plus mod que goth malgré tout. A l’époque, j’aimais me balader en vespa, j’écoutais pas mal de ska, The Jam, les Small Faces. Je suis encore excité aujourd’hui quand je sens le mix gaz-essence si particulier d’un scooter qui passe dans la rue. Le truc goth, c’est quand j’écoutais énormément Sisters Of Mercy, Alien Sex Fiend, un peu d’IDM etc… Mais c’était uniquement lié à la musique, pas tellement au côté mode.

Votre plus grande « épiphanie » musicale?

Certainement le moment où je me suis glissé dans la chambre de mon grand-frère et où j’ai découvert sa collection de disques. Il écoutait pas mal de disco, de boogie et de funk. Bon, il était moins impressionné quand il est rentré à la maison et qu’il m’a trouvé assis au milieu de la pièce, ses disques éparpillés sur le sol… Après c’est difficile de pointer un single ou un album en particulier, il y en a trop.

Comment êtes-vous tombé dans la musique électronique? Grâce au club? Ou c’est l’électronique qui vous a amené au clubbing?

D’abord, il y avait ce club appelé Front qui était assez populaire à Hambourg. Apparemment, c’était le premier club acid-house en Allemagne et on y traînait pas mal. Stockhausen était un des DJ résidents. C’était en 1992. J’ai été complètement scotché par ce truc nouveau -je me rappelle d’un morceau dans lequel je plongeais complètement, No Love Lost de CeCe Rogers. Boris Dlugosch était le résident principal. Quand il jouait, il doublait les pistes et cela m’a donné envie de faire pareil. Dès ce moment-là, j’ai dépensé tout mon argent de poche à acheter des disques – de 1992-1998 j’ai mis la main sur toutes les plaques qui arrivaient chez le disquaire du coin.

Votre définition du club parfait?

Pour reprendre les termes de Wham!: « Club Tropicana drinks are free, fun and sunshine there’s enough for everyone ».

Vous avez dit un jour: « je serai heureux quand la hype disco sera passée ». Vous êtes comblé?

Je suis content du fait qu’il y ait énormément de morceaux club qui sont inspirés par le funk et la disco, mais aussi heureux qu’un terme comme nu disco soit en effet moins présent dans les medias ces temps-ci. Mais, si vous écoutez mes derniers remix, comme celui pour Little Dragon (Ritual Union) ou Lana Del Rey, vous verrez et entendrez que mon son peut difficilement se ranger dans une seule case.

Quel est l’endroit le plus bizarre où vous avez entendu Coma Cat?

A la piscine d’un hôtel, pendant la séance d’aquagym d’un groupe de grand-mères.

Vous ne donnez pas souvent de DJ set. Pourquoi?

Je préfère passer mon temps à produire plutôt qu’à passer des heures à checker toutes les sorties qui arrivent chaque jour. Cela étant dit, mon set actuel est à moitié DJ, à moitié live. Je joue mes trucs, mais aussi certains edits que j’ai fait pour d’autres -celui que j’ai réalisé pour Radiohead par exemple n’est pas ma chanson, mais j’y ai ajouté des parties de synthés et c’est l’un des titres les plus importants de mon set.

Vous jouez aussi bien en club qu’en festival? Vous l’approchez de la même manière?

Ce sont définitivement deux choses différentes. Le public de festival est plus mélangé et ils ne sont pas toujours là pour vous en particulier. Ils veulent souvent juste une ambiance de club sous une tente. Mais récemment j’ai joué au Park Life à Manchester, et le public était vraiment à fond dedans malgré le ciel gris et la pluie. En sachant que Nile Rodgers et Chic étaient également à l’affiche, j’ai vraiment eu de la chance de pouvoir jouer devant autant de gens ce jour-là.

Quand arrive l’album? D’ailleurs, est-ce vraiment toujours utile d’en avoir un?

Pour moi, cela reste un pas artistique important. Mon album devrait être prêt début 2013, je bosse dessus depuis un moment maintenant. Il y aura des guest vocalistes, certaines collaborations et deux, trois autres choses dont je ne peux pas encore parler. Après bien sûr, si les gens picorent et ne reprennent que leurs morceaux favoris, c’est normal, c’est inévitable à notre époque. Mais pour moi, à cause de mon éducation musicale, je ressens vraiment encore le besoin de présenter un « body of work ». Cela dit, avant la fin de l’année, il y aura aussi encore une série de sorties!

Rencontre Laurent Hoebrechts

Libertine Supersport au Ciné Mirano, Bruxelles, le 29 juin. Avec DJ Harvey, Tensnake, Mickey, Lefrog…
www.libertinesupersport.be

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