Joseph Mount de Metronomy rencontre un lecteur de Focus

Notre gagnant et Joseph Mount en mode selfie. © Antoine Sabljic

Il y a peu, nous offrions la possibilité à un lecteur de Focus de rencontrer doublement Metronomy: sur la scène de l’AB et en interview. Rencontre au sommet entre Antoine Sabljic, notre grand gagnant, et Joseph Mount.

Être victime de tachycardie en cette journée estivale n’est pas ce que j’avais prévu. Je ressens dans mon estomac ces rythmes si populaires d’anxiété et de peur, bien souvent accompagnés d’une mélodie régulière composée à l’arpégiateur. Car il ne s’agit pas seulement des « lettres d’amours » de Joseph Mount, compositeur de Metronomy… Il s’agit aussi d’une première rencontre que le Focus a bien voulu m’accorder. Et, être envoyé comme « journaliste rock du soir » est un luxe qui ne devra pas se laisser empiéter par les maladresses du novice.

« Ah lèvres séchées, gorge nouée… », comme le chantait Jeanne Mas… Cette fameuse « toute première fois ».

Jugez vous-même…

Metronomy: Une rencontre épistolaire

Elle a dû se comporter comme une vraie salope pour que vous lui écriviez de telles lettres d’amours…

(Rires) Bon… Les paroles ne traitent pas d’une personne en particulier, elles ne sont pas destinées à une personne précise. Je vis en ce moment une histoire d’amour géniale avec ma copine. C’est marrant, lorsque tu écris des chansons, tu n’as pas besoin d’être forcément honnête. Tu es libre de faire ce que tu veux. Tu peux même faire en sorte que les gens éprouvent de la compassion pour toi, même si tout va pour le mieux. Mais je ne pointerai jamais personne du doigt, je pense que ce serait cruel (rires).

Est-ce que le cynisme, souvent présent dans vos paroles, est un peu le meilleur ami de la musique que vous composez?

Il y a certaines chansons qui pourraient paraître cyniques au premier abord. Je pense que c’est plus comme une « attitude » que je prends lorsque j’écris des morceaux et du coup, du cynisme peut transparaitre. Ou bien je suis probablement une personne cynique aussi. Dans tout les cas, ce n’est pas quelque chose dont j’ai conscience, je ne vais jamais me dire « OK, là je vais être cynique ». C’est plus une chose qui est présente en moi, qui appartient à mon personnage.

Ce nouvel album est un tournant d’un point de vue sonore pour Metronomy. Comment le justifieriez-vous auprès des personnes qui n’auraient pas saisi tes intentions?

La chose très marrante, c’est que je suis persuadé que la « personne moyenne » est beaucoup plus consciente de la production musicale qu’elle ne pense l’être vraiment. Pour moi, si tu n’utilises pas tous ses effets de studio, ça a des conséquences non seulement sur la musique en elle même, mais aussi sur la personne qui l’écoute. Les gens ne pourront pas te dire « techniquement » ce qu’il s’est passé dessus, mais ils en seront quelque part affectés, ils réagiront.

Par exemple, on a eu cette critique sur Pitchfork, le gars a détesté le traitement des voix sur le disque. J’aurais pu les faire sonner de manière très riche et surabondante, j’aurais pu faire ce que je faisais normalement: mettre plusieurs voix en même temps, taper plein d’effets etc. Néanmoins le but ici était vraiment de faire un album « à nu » et dépouillé. Produire un album qui ne reposait pas sur les technologies et sur les effets, était quelque chose que je souhaitais réaliser depuis longtemps. Et c’est amusant car les gens s’en aperçoivent.

Quelle est la signification de ce moment « sud-européen/Champagne Supernova » dans The Most Immaculate Haircut?

Oh oui, en fait c’était en Toscane. Je voulais justement sortir de cet environnement « de confinement » qu’il y a tout le long du disque. M’évader de ce petit studio rudimentaire, avec mes prises de voix très nues. Je voulais que d’un coup l’auditeur sorte de là, et sente le monde extérieur. Emmener l’auditeur à un autre endroit.

J’ai enregistré cette partie durant les premières vacances avec ma petite amie, il faisait beau et c’était un super voyage. J’ai toujours voulu faire ce genre de choses dans mes albums précédents, mais pour diverses raisons j’ai toujours eu peur de le faire, ici c’était l’opportunité idéale.

La plus parts interviews parlent de vous comme d’une personne « nostalgique ». Mais êtes-vous comme le nostalgique dont le mal est déclenché par des souvenirs très clairs, ou êtes-vous plutôt un mélancolique qui cherche sans cesse le sens des ses souvenirs oubliés?

Personnellement, je pense que la nostalgie et la mélancolie ne sont pas nécessairement des sentiments négatifs. Être nostalgique est un sentiment que j’adore ressentir. Ça ne me rend pas mélancolique pour autant, et je ne suis pas une personne malheureuse non plus. Par exemple, on a tourné en Grande-Bretagne récemment et on s’est arrêté à Glasgow. Dès que je rentre dans cette ville, j’ai des souvenirs très précis qui me rendent directement nostalgique. Ma soeur vivait dans cette ville et je me souviens lui rendre visite, j’y avais des amis aussi, et tous les deux ans j’y retourne pour un concert. La nostalgie est si facile d’accès dans cette vie de musicien que mène, et donc c’est un sentiment que je ne déteste pas vraiment…

En ce qui concerne la mélancolie, je pense que tu dois avoir du temps pour l’expérimenter. Tu dois être vachement riche pour ce genre de chose, c’est un sentiment pour « personnes aisées » (rires).

Et le concert dans tout ça?

À 20h45, les lumières se sont éteintes pour laisser place aux premières notes de Monstrous. Les temps ont changé depuis leur dernière tournée, Joseph Mount et les siens sont mieux habillés et sont entourés d’une scénographie bien léchée à l’image du clip que Michel Gondry leur a consacré. Durant tout le show ils ont assuré une ambiance de fête, presque « discothique », et le tout, juchés sur leurs nuages lumineux. Parfois ce type de changement abrupt se fait au détriment de la qualité musicale et de l’appréciation générale de la musique. En effet, on avait souvent l’impression que ces jeux de lumières tous azimuts étaient là pour nous aveugler d’un manque cruel de sentiment, d’authenticité.

Antoine Sabljic

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