On a testé pour vous: le Festival XS

© Adèle Dachy
Stagiaire Le Vif

Du théâtre court et intense, voilà qui devrait plaire aux frileux des salles de spectacles. Jusqu’au 9 mars, le Théâtre National de Bruxelles organise la troisième édition du Festival XS, des spectacles de cinq à vingt-cinq minutes à la carte: théâtre, danse, cirque… 18 compagnies et une centaine d’artistes sont présents chaque soir. Voici nos choix.

18h30: Lacrimosa, dans la salle de couture

Si le nom de la pièce Lacrimosa nous intrigue, le concept encore plus: une pièce de cinq minutes, pour deux personnes. Pas une de plus, pas une de moins. « Si vous êtes venus seuls, c’est l’occasion de trouver un partenaire », rigole l’animateur de la soirée. Après quelques minutes d’attente, un homme nous invite à entrer dans la salle de couture du Théâtre National, aménagée en pièce de théâtre pour l’occasion. On entre en couple, peut-être avec quelqu’un qu’on ne connait pas. On nous invite à nous asseoir sur un canapé, face à une télévision en carton. Intimidé, on s’assied chacun d’un côté du sofa… Mais non, il faut s’asseoir côte à côte « comme si vous étiez un couple » ordonne l’artiste. On reçoit une télécommande et, toujours sous les instructions du marionnettiste, on presse sur le bouton rouge pour allumer la télévision de carton. Silence: face à nous, dans ce téléviseur factice, un tout petit homme de papier est affalé dans son canapé face à son écran. Il zappe, re-zappe et re-zappe encore. De plus en plus agité, il finit par mourir, alors que la pluie tombe derrière la toute petite fenêtre de son tout petit salon. Son âme s’extrait de son corps, va s’assoir dans un canapé et regarde son corps, toujours face au téléviseur une mise en abyme qui nous déconcerte. A coups de zappette, l’âme ressuscite, s’empresse de rallumer sa télévision qui finit par exploser. Le bonhomme tourne son regard vers la fenêtre et nous retrouvons face à notre image en train de zapper… La boucle est bouclée.

19h: Ressacs, au Studio

A peine le temps de se remettre de ce curieux spectacle, il faut filer au quatrième étage pour ne pas manquer le début de Ressacs. Une couple de dingos s’agite sur des chaises, face à une table ornée d’un faux gazon, d’une maison de poupée et d’une voiture du même format. Dans un anglais francisé, ils racontent qu’ils ont « lost everything ». « All is gone », même leurs fringues qu’ils n’hésitent pas à enlever et à balancer pour qu’on comprenne bien: e-v-e-r-y-t-h-i-n-g. Après un voyage en bateau miniature, un break dans leur couple, une fiente de mouette et quelques vocalises, les deux énergumènes se retrouvent sur une île, remplie d’autochtones aux moeurs étranges. Le spectacle vous semble un peu décousu? C’est aussi ce qu’on a pensé, malgré la performance de ces acteurs-danseurs-chanteurs-musiciens.

19h40: Nous sommes tous pareils…, à la Grande Salle du rez-de-chaussée

Il faut courir pour être sûr d’avoir une bonne place pour le prochain spectacle. Il a lieu dans la Grande Salle et on en a entendu que des éloges… Après la petite déception de Ressacs, Nous sommes tous pareils à… nous coupe littéralement le souffle. Pour résumer en quelques mots, et vous laisser le plaisir de sentir votre souffle s’arrêter: la danse de ces trois artistes, en osmose totale est époustouflante. Une femme, son mari, et celui qu’on suppose être son amant. L’une est rayonnante de grâce et de finesse, l’autre la fait virevolter avec une virtuosité déconcertante, tandis que l’autre encore -muni d’une seule jambe- se livre à des triples saltos arrière. Ce groupe de merveilleux danseurs est accompagné de cinq chanteurs et musiciens orientaux, qui parachève la magnificence de leur performance.

20h45: Silence, en Terrasse

« Est-ce qu’elle a des cheveux blancs? Est-ce qu’il n’entend plus bien? Est-ce qu’elle regarde les feux de l’amour? Est-ce qu’il est chauve? » Deux infirmières jouent à Qui est-ce? dans une maison de repos. La scène suivante, elles se transforment en formidables marionnettistes, donnant vie à deux petits vieux, qui s’aiment d’amour tendre. Les marionnettes grandeur nature sont tellement réalistes qu’on entendrait presque leur souffle. Après un petit gouter en amoureux, les marionnettes disparaissent, laissant place à des petits vieux d’une vingtaine de centimètres, en deux dimensions. Des montages de cartons, surmontés d’une photo de la figure d’une personne âgée s’offrent une danse déjantée à la maison de repos… Les vieux sont sages, raisonnables et ennuyeux! C’est ce que vous croyiez…

La soirée terminée, on sort du Théâtre, la tête embuée et en pleine réflexion. L’objectif était de questionner les esprits, par des pièces courtes et intenses… C’est réussi. On regrette seulement de ne pas avoir eu plus de deux minutes entre chaque représentation pour méditer et discuter de nos impressions avec les autres spectateurs.

Adèle Dachy

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