Le projet Blair Witch

© BAC Films

C’est, tout simplement, le film le plus rentable de l’histoire du cinéma! Avec son budget estimé à une bonne cinquantaine de milliers de dollars et des rentrées dépassant 250 millions de dollars (!), Le Projet Blair Witch bat des records en matière de proportion entre coût de départ et bénéfice final.

Eminemment astucieux, il fut le premier à user pour le fantastique et l’horreur du procédé du faux reportage expérimenté par les petits belges de C’est arrivé près de chez vous, et plus anciennement encore par Ruggero Deodato dans son Cannibal Holocaust. Le prétexte du film de Myrick et Sanchez est apporté par 3 étudiants d’une école de cinéma, qui tournent un documentaire sur une sorcière présumée avoir hanté la forêt de Blair. Les jeunes gens s’égarent, et disparaissent. Plusieurs mois plus tard, la police trouve l’enregistrement vidéo que les disparus ont abandonné sur les lieux funestes. Le film qui nous est donné à voir est cette bande aussi étrange que mystérieuse… Nous sommes donc amenés à partager l’expérience, et les émotions de plus en plus fortes, d’étudiants dont la curiosité se transforme progressivement en inquiétude, puis en terreur, à mesure qu’ils sont témoins de phénomènes étranges, menaçants, horrifiques. Les concepteurs et réalisateurs de ce qui aurait pu rester une farce de potaches amateurs de frissons ont très tôt senti qu’ils pouvaient attirer un public. Et bien en phase avec leur époque, c’est sur Internet qu’ils ont entamé une véritable opération de marketing, utilisant divers blogs pour répandre des rumeurs sur le fait que le film serait un authentique documentaire, dû à un trio d’étudiants réellement évaporés dans la nature… De quoi lancer sur le web une machine promotionnelle alimentée par chaque nouvelle réaction (elles furent très nombreuses). Mais derrière le succès phénomène, lui-même déclencheur d’autres entreprises du genre -du formidable REC au faiblard Paranormal Activity– se révèle un spectacle inégalement captivant. Le meilleur étant le fait d’interprètes laissés eux-mêmes ignorants de ce qui allait se passer, et réagissant donc avec un naturel extrême. Le pire étant les « tunnels » où aucune action, aucune surprise, ne vient secouer une attente tournant à l’ennui.

LE PROJET BLAIR WITCH, FILM D’HORREUR DE DANIEL MYRICK ET EDUARDO SANCHEZ. AVEC HEATHER DONAHUE, JOSHUA LEONARD, MICHAEL C. WILLIAMS. 1999.

Ce lundi 14 mars à 20h40 sur Arte

Louis Danvers

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