Trash TV au BIFFF

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Le BIFFF s’ouvre à la télévision cette année, avec la projection des deux premiers épisodes d’une série choc, The Walking Dead. L’occasion de se pencher sur le versant gore du petit écran.

Ça ressemble à La route de Cormac McCarthy. Un air de fin du monde, des paysages post-apocalyptique et une tentative de s’en sortir. Avec des questions: vivre, pourquoi et surtout, pour qui? Ça ressemble à l’enfer, ça l’est sans doute. The Walking Dead, série très librement inspirée du comic américain du même nom, a déroulé son intrigue durant six épisodes sur la petite chaîne américaine AMC à l’automne dernier (on attend une deuxième saison), réalisant des chiffres d’audience jamais vus sur cette antenne.

Fidèle à l’esprit plus qu’à la lettre de la BD qui lui a donné naissance, la série prend comme héros un policier, Rick (Andrew Lincoln, inattendu et impeccable), qui sombre dans le coma, touché par une balle perdue. Et qui se réveille longtemps, très longtemps plus tard. Dans une chambre d’hôpital aux fleurs fanées, perforé de baxters vides. Dans un monde qui tourne fou. Un univers envahi, on ignore pourquoi, par des zombies affamés, silhouettes décharnées aux yeux hagards, dont la morsure tue avant de transformer en mort-vivant.

Rick brave leur hostilité et part à la recherche des siens, réfugiés sur un terrain vague à la lisière d’Atlanta, désormais ville fantôme. Après quelques rencontres, il retrouve sa famille dans un camp de fortune, tentant avec d’autres de survivre et de s’organiser. Robinsons Crusoë de l’horreur, les derniers rescapés de cette affreuse épidémie mystère se débattent à la fois contre la solitude et contre la promiscuité, tandis qu’ils doivent régler leur compte aux zombies en leur éclatant la tête dans un déluge de cervelle frétillante, bruits mouillés à l’appui.

De quoi couper l’appétit. Mais The Walking Dead n’est pas qu’une série d’horreur lorgnant, sans y sombrer, vers la série Z. Elle fait aussi écho de terrifiante façon à une série d’angoisses contemporaines, qu’elles soient climatiques, sanitaires, ou même sociétales. Le tout dans une mise en scène agoraphobe qui prend aux tripes, tout en égrenant une série de scènes d’une saisissante beauté, comme lorsque les routes partant d’Atlanta, bondées de voitures vides à l’arrêt et filmées depuis le ciel, font référence à une Nouvelle-Orléans ravagée par Katrina.

Voilà qui en fait moins un divertissement de genre réservé aux amateurs de gore qu’une fable intemporelle sur l’avenir de l’humanité, suffocante à souhait.

29e Brussels International Fantastic Film Festival, à Tour et Taxis, du 7 au 19 avril. www.bifff.net

De mémoire d’aficionado, il y a longtemps qu’on n’avait plus vu une édition du Bifff aussi bien emmanchée: de l’ouverture, avec Balada Triste de Trumpeta d’Alex de la Iglesia, à la reprise, en version remasterisée, de Akira, le manga culte de Katsuhiro Otomo, il y en a pour tous les goûts, des bons et de meilleurs encore.

Au niveau des tendances, on pointera la présence d’un fort contingent nippon (avec notamment le 13 Assassins de Takashi Miike, mais aussi le dernier volet de la trilogie Tetsuo de Shinya Tsukamoto, ou encore Hell Driver de Yoshihiro Nishimura), de même que celle de productions du nord comme de l’est de l’Europe, (de la Norvège, avec Dark Souls, à l’Estonie, avec The Snow Queen, et jusqu’au Kazakhstan, avec Strayed).

John Carpenter (The Ward, avec Amber Heard) et John Landis (Burke and Hare) assurent le quota vétérans, aux côtés de l’inattendu Jerzy Skolimowski (Essential Killing), là où le cinéma belge est représenté par Jean-Jacques Rousseau (Karminsky-Grad) et Paul Breuls (Meant to Be). Au rang des promesses et autres curiosités, on relèvera encore Bedevilled de Cheol-So Jang, ancien assistant de Kim-ki Duk, Los Ojos de Julia de Guillem Morales, produit par Guillermo Del Toro, One Day de Chi-Jan Hu, produit par Hou-Hsiao-Hsien, ou encore It’s a Wonderful Afterlife, nouveau film de Gewinder Chadha, révélée par Bend It Like Beckham

Toutes réjouissances plus ou moins sanglantes auxquelles s’ajoutera le traditionnel Bal des Vampires, parmi d’autres animations qu’on ne présente plus, comme le Japanimation Day. Enfin, côté invités, on saluera pêle-mêle les présences annoncées d’Alex de la Iglesia, John Landis, Alexandre Aja, James Gunn, Renny Harlin, Jean Van Hamme, Alice Taglioni, Timothy Spall et autre Frédérique Bel… (J.F. Pl.)

Myriam Leroy

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