Critique | Livres

L’Invention du vide

ALPINISME | Nicolas Debon a su trouver le ton et la technique pour rendre à la montagne ses charmes vertigineux qu’un simple manque de lumière peut transformer en paysages inquiétants.

L’Invention du vide, de Nicolas Debon, éditions Dargaud. ***

ALPINISME | Nicolas Debon a su trouver le ton et la technique pour rendre à la montagne ses charmes vertigineux qu’un simple manque de lumière peut transformer en paysages inquiétants. C’est la montagne qui est le personnage principal de L’Invention du vide, pas les hommes qui la parcourent en rêvant de conquêtes. Eux ne sont que des jouets, qu’elle choie ou broie d’un simple changement de temps. Au début du XIXe siècle, ils sont nombreux à se lancer à son assaut. D’abord en dilettantes, sur des petites pentes en costumes du dimanche. En amateurs ensuite, ils s’attaquent aux courses plus difficiles en n’oubliant pas les musettes chargées de vin pour fêter le succès sur les crêtes. Enfin, c’est en professionnel, dans une compétition qui verra les grands sommets alpins tomber les uns après les autres, qu’ils peaufineront leurs techniques afin de préparer les assauts des monstres de l’Himalaya. S’inspirant des écrits d’Albert Frederick Mummery (1855-1895), Nicolas Debon raconte le parcours d’un gentleman désinvolte dans cette épopée vers les cimes. A l’inverse de ses confrères, Mummery ne joue pas la carte de la démesure et de la technicité pour arriver à vaincre le vide. C’est généralement accompagné d’un seul guide, et sans débauche de matériel, qu’il gravit avec brio les faces les plus dangereuses. Faisant corps avec le rocher, il étudie de longues heures durant les immenses parois afin de pouvoir déverrouiller rapidement les passages clés d’une ascension. Des exploits inutiles et beaux qui seront les prémices de l’escalade moderne.

Après Le Tour des géants, qui mettait en scène les cyclistes au début du siècle dernier, le dessin faussement désuet de Nicolas Debon fait encore des merveilles pour dépeindre l’histoire de ces passionnés qui n’hésitaient pas à engager leur vie dans de vains défis lancés au vide. On vous assure de beaux vertiges graphiques en perspective.

Vincent Genot

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