Papas Fritas et derniers tapas aux Nuits Bota

© Olivier Donnet

Avant le bonus dEUS, retour sur la soirée de dimanche au Botanique. Au programme, Esben & the Witch, Twin Shadow, Yoav et Papas Fritas.

Dimanche, c’est zapping. Pour la dernière vraie Nuit Bota – avant le concert tombé du ciel de dEUS et la création à la cathédrale St-Michel et Gudule -, on pouvait bien se permettre de jouer les frivoles. Quoique. Léger, léger, on ne l’est pas resté longtemps. Du côté de l’Orangerie, Esben & The Witch ont fait leur office. Pas du petit lait le trio de Brighton et leur pop noire -dites « nightmare pop ». Sur des programmations rachitiques, un long bruit blanc se déploie, auquel vient se mêler la voix de Rachael Davis. Elle est entourée de ses deux camarades, aux guitares: Daniel Copeman caché derrière ses cheveux, et Thomas Fisher plus stoïque. C’est un peu autiste, et si la tension monte, c’est trop souvent pour retomber pile poil au moment où le morceau devrait exploser.

Juste après, Twin Shadow, alias George Lewis Jr, affiche la plus belle moustache de la soirée. Affublé d’un chapeau de groom noir, il balance ses chansons, un peu en dilettante. Des morceaux qui ont une drôle de gueule, à la fois instantanés et mystérieux. Un peu new wave, un peu funk, voire sentimentalo-disco (At My Heels). Touchant à défaut d’être tout à fait inoubliable.

Du côté du chapiteau alors? Tout content d’être là, Yoav a attiré pas mal de monde. Un habitué de la maison: après un premier concert à la Rotonde, le musicien israélien est déjà passé par deux fois à l’Orangerie. « Et maintenant, le chapiteau! » La jauge grandit, mais le principe reste le même: seul sur scène, Yoav crée tous les sons en direct, uniquement avec sa guitare. On n’a par exemple toujours pas bien compris comment il a réussi à frapper le beat de Club Thing. Parfois, la performance technique porte encore un peu d’ombre aux chansons elles-mêmes. On reste cependant épaté par la démarche, de plus en plus ludique et légère, du bonhomme.

Pour terminer la soirée, les Papas Fritas faisaient leur retour sur scène, après une bonne dizaine d’années d’absence. Fin des années 90, le trio américain avait sorti une paire d’albums de pop joyeusement naïve. En 2011, rien ou presque n’a changé. La musique du groupe ne tenait pas à grand-chose à l’époque. C’est toujours le cas. Augmenté d’une claviériste, les Papas Fritas sont restés ce groupe improbable, formé de deux nerds (à la basse, Keith Gendel est plus filiforme que jamais) et d’une batteuse aussi menue qu’insouciante. A vrai dire, à part Tony Goddess, tout le monde a l’air de jouer toujours un peu à côté. Cela ne fait que donner d’autant plus de charme à l’entreprise. D’autant que derrière le côté gentiment branquignol, les miniatures pop tiennent toujours la route. Un titre comme Vertical Lives est ainsi le prototype même de l’hymne euphorisant, faussement simplet. Pop has freed us!

Laurent Hoebrechts

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