Le jury des Prix de la Critique

Vous les artistes, nous les critiques…

Le jury des Prix de la Critique Nurten Aka, Marie Baudet, Didier Béclard, Laurence Bertels, Camille de Marcilly, Michèle Friche, Muriel Hublet, Christian Jade, Catherine Makereel, Dominique Mussche, Nicolas Naizy.

Alors que l’offre théâtrale et dansée continue de s’étoffer, l’espace critique dans les médias se réduit. Les artistes et directeurs d’institutions n’hésitent pas à attaquer les journalistes de leur critique négative. La critique doit-elle disparaître? À quoi sert-elle? Coup de gueule du jury du Prix de la critique alors que les nommé(e)s des arts de la scène 2014-2015 viennent d’être annoncés.

Vous les artistes et nous les critiques! Un vieux couple avec tout ce que ça recouvre de bonheur, d’incompréhension, d’émotion, d’agacement, de tendresse. Comment le dire, comment l’écrire? Comment transmettre? Comment recevoir? Aucune recette ne peut l’objectiver. Sans équivalent dans la partie francophone du pays, les Prix de la Critique tressent leurs lauriers depuis 1952, donc bien avant les Molière français… dont ils ne partagent pas la généalogie. Les lauréats des Molière sont désignés par « la profession », avec des enjeux économiques et financiers importants. Et les pressions qui vont avec.

Le jury des prix de la critique belge, bénévole, ne rassemble que des journalistes de la presse écrite, de la radio et de la Toile. Leurs seules motivations: les coups de coeurs argumentés, en toute indépendance, sans calcul d’aucune sorte. En fin de saison, ce jury départage des centaines d’artistes de théâtre et de danse, pour ne retenir que trois noms dans chacune des treize catégories qui quadrillent la scène. Une quatorzième récompense, le prix « Bernadette Abraté », cheville ouvrière de nos Prix, disparue en 2002, honore le rayonnement d’une personnalité ou d’une institution en faveur de la scène. Ces quarante noms sont dévoilés aujourd’hui et vous pouvez la retrouver sur le site lesprixdelacritique.be. Chaque membre du jury s’est aussi engagé à y croquer le portrait des artistes ou spectacles élus. Une seconde délibération, la veille de la proclamation, choisit les lauréats de la saison 2014-2015. Les lieux de nos retrouvailles festives changent à travers la Wallonie et à Bruxelles. Nous nous devions d’être cette année à Mons, capitale européenne de la culture 2015. Les élus y seront connus le 19 octobre.

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Si les débats ont toujours été passionnés, voire saignants, des interrogations percent depuis quelque temps. Alors que l’offre théâtrale et dansée continue de s’étoffer, en dépit de la crise, l’espace critique dans les médias se réduit, quand ce n’est pas toute la culture qui est en danger à la télévision de service public. La critique doit-elle disparaître? À quoi sert-elle? Pourrait-elle être, humblement, le chaînon qui permet au public de connaître les artistes et de les suivre dans leurs aventures scéniques? Les journalistes comprennent l’amertume des comédiens, metteurs en scène, quand ils estiment injuste un papier moins positif, ou dont les nuances ont été rabotées par le peu de place qui lui a été concédé. L’objectif n’est jamais de blesser ou de bâcler en trois mots un travail de longue haleine. La notation des spectacles par nombre d’étoiles est parfois mal perçue. Rappelons que deux étoiles signifient que l’on aime « beaucoup » un spectacle et trois « passionnément ».

La critique perd tout sens si elle n’est pas férocement indépendante. Ni compromission, ni pression: au-delà de leurs sensibilités esthétiques, de leurs points de vue différents les journalistes respectent une règle absolue, l’honnêteté et le respect du spectateur, de l’artiste. Nous assumons notre subjectivité… en dépit d’affrontements récurrents, de menaces, d’intimidations, d’insultes qui visent certains d’entre nous. Des figures puissantes d’institutions théâtrales, de grands artistes parfois, déclarent des journalistes persona non grata, brandissent des contrats publicitaires pour infléchir les avis, en appellent à la hiérarchie des quotidiens pour museler les rédacteurs. Les critiques acceptent… la critique, sur l’égal mode de l’honnêteté et du respect, mais à l’unanimité, ils refusent et dénoncent les pressions ainsi exercées, des oukases d’un autre temps.

Le jury des Prix de la Critique: Nurten Aka, Marie Baudet, Didier Béclard, Laurence Bertels, Camille de Marcilly, Michèle Friche, Muriel Hublet, Christian Jade, Catherine Makereel, Dominique Mussche, Nicolas Naizy.

Les nommé(e)s des arts de la scène 2014-2015

Meilleur Spectacle: Intérieur Voix, mise en scène de Delphine Salkin; Liebman Renégat, mise en scène de David Murgia; Vania!, mise en scène de Christophe Sermet.

Meilleure Mise en scène: La Ville (Michael Delaunoy); Les Mains Sales (Philippe Sireuil); Passions Humaines (Guy Cassiers).

Meilleure Comédienne: Ariane Rousseau (Notre peur de n’être); Sophie Sénécaut (Ondine (démontée)) ; Stéphanie Van Vyve (L’oeuvre au Noir, Belles de Nuit).

Meilleur Comédien: Yoann Blanc (Perplexe, Ondine (démontée)) ; Yannick Rénier (Vania!) ; Thierry Hellin (Les Mains Sales, Passions Humaines).

Meilleure Espoir féminin: Berdine Nusselder (Les Mains Sales); Taïla Onraedt (Cabaret); Eline Schumacher (Katzelmacher).

Meilleur Espoir masculin: Mathieu Besnard (La Cerisaie, L’enfant-colère); Clément Goethals (Petites histoires de la folie ordinaire, Le garçon de la piscine); Brice Mariaule (L’inquiétude d’être au monde, Démons me turlupinant).

Meilleure Scénographie: De la beauté; Démons me turlupinant; Passions Humaines.

Création artistique et technique: Cabaret; Intérieur Voix; ReVoLt.

Meilleur Auteur: Thomas Depryck (Le Réserviste); Riton Liebman (Liebman Renégat); Soufian El Boubsi et Joachim Olender (Ils tentèrent de fuir).

Meilleure Découverte: Ha Tafénéwai (Sophie Warnant); L’enfant-colère (Sophie Maillard); Manger des épinards, c’est bien, conduire une voiture, c’est mieux (Eline Schumacher).

Meilleur Seul en scène: Le Dernier Ami (Thierry Lefèvre); M’appelle Mohamed Ali (Etienne Minoungou); Vieil (Jean Le Peltier).

Meilleur spectacle de Danse: Il Dolce Domani (Giolisu); Oshiire (Uiko Watanabe); ReVoLt (Thierry Smits).

Meilleur spectacle Jeune Public: Au Loin (Plastique Palace Théâtre); La petite fille aux allumettes (Pan!); Les Misérables (Karyatides).

Prix Bernadette Abraté: Jean-Marie Piemme.

Le verdict des lauréats tombera le 19 octobre prochain, au Manège à Mons.

Infos: www.lesprixdelacritique.be

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